Interview de Baya Kasmi par Madmoizelle

Baya Kasmi s’est confiée sur ses nouveaux projets à Sophie Boudboul pour le magazine Madmoizelle. Elle parle notamment de son prochain long métrage, Youssef Salem a du succès, avec Ramzy Bedia, Noémie Lvovsky et Vimala Pons, mais aussi de son travail d’adaptation de la nouvelle de Nicolas Mathieu Rose Royal, l’histoire d’un féminicide conjugal.

L’interview est à lire sur Madmoizelle, via ce lien.

Interview de Mélusine Laura Raynaud

Mélusine Laura Raynaud, vous êtes autrice pour la télévision, le cinéma et le théâtre, vous avez notamment écrit des épisodes des séries SKAM, La faute à Rousseau et plus récemment Germinal, actuellement en diffusion sur France 2. Quel est votre parcours ? Qu’est-ce qui vous a amenée à l’écriture ?
J’ai fait des études littéraires, une hypokhâgne. Mais j’ai surtout grandi dans des écoles de danse et de théâtre dès la toute petite enfance (j’ai passé des tonnes de week-ends en répétition dans des théâtres). Après le bac j’ai intégré le Cours Florent, j’ai été un temps comédienne et pendant plusieurs années metteur en scène pour une compagnie d’enfants et d’ados acteurs à Belleville et au Val-Fourré à Mantes La Jolie (Cie Tamérantong!). En parallèle j’étais journaliste (en presse magazine) et radio (FG, Radio Nova). Bizarrement enfant, je n’écrivais pas, je n’ai jamais été du genre à tenir un journal. J’adorais les rédactions sauf quand mes envolées lyriques étaient refroidies par une prof coincée : « ne prenez pas vos vessies pour des lanternes »:) Paradoxalement, c’est la radio qui m’a poussée à écrire de la fiction. Je me suis « trouvée » et je suis née à Nova, grâce à des gens comme Jean-François Bizot et Rémy Kolpakopoul. J’écrivais et « interprétais » des parodies de soap pour mes émissions, j’écrivais mes billets, mes interviews. J’ai découvert qu’écrire pouvait aussi être un moyen de ne pas être seul, de se faire des amis pour la vie, car la fiction c’est aussi une aventure collective, et cela permet sans se prendre au sérieux d’être entendue et/ou d’être le porte-parole de ceux qu’on n’entend pas.

Est-ce que votre expérience en tant que journaliste pour la presse écrite et la radio impacte votre processus d’écriture ?
Évidemment, mais cela fait partie du process normal pour un auteur qui n’aurait pas été journaliste, on cherche à être le plus juste possible, au plus près de la réalité d’un personnage ou d’une arène. Mais quand il s’agit d’un sujet « social » là où j’ai peut-être un plus le côté journaliste, je passe vraiment énormément de temps en recherches, pour m’imbiber. Je fais des interviews, j’essaye de rencontrer tous ceux qui peuvent m’apprendre et me faire ressentir ce qu’est leur histoire, plus je les connais mieux je ferai mon boulot de « passeur ».

Vous êtes scénariste de la nouvelle série France 2 Germinal, qui a notamment reçu le prix du public au festival Séries Mania 2021. Comment êtes-vous arrivée sur ce projet ?
Grâce à la productrice Carole della Valle. Nous nous connaissions depuis Pep’s, puis Skam. C’est elle qui a eu l’idée de proposer mon nom à Julien Lilti le créateur et directeur de collection de la série.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la série ? Comment s’est déroulé la phase d’écriture ?
J’ai intégré la veille pour le lendemain l’atelier donc c’était dans l’imprévu et un peu vertigineux. Mais j’étais hyper heureuse, l’équipe très atypique était top, le projet tellement ambitieux et galvanisant. Nous avons travaillé en groupe, débattu et enrichi chacun des 6 synos pré-écrits par Julien. On a notamment beaucoup réfléchi aux personnages féminins. Puis on s’est dispatchés les épisodes par binômes, en ce qui me concerne j’ai coécrit avec Cheikna Sankaré, et on a enchaîné tous les deux séquenciers et dialogués.

Quels sont vos projets en cours ou à venir ? Quels sont vos désirs pour l’avenir ?
Actuellement je termine l’écriture d’un unitaire de 90 mn pour TF1 produit par Mesdames Production et En Voiture Simone. Je collabore à nouveau avec Julien Lilti pour Itinéraire Productions. Je suis en train de comprendre, c’est tout frais, que je souhaite de plus en plus écrire des histoires qui s’inspirent ou qui traitent de faits réels, « sociétaux » comme on dit, des sujets qui ont du sens et quelque chose de « politique »; pour remplir cette fameuse mission de porte-voix qui semble être celle où je me reconnais le plus. Et si en plus, je peux y mettre de l’humour et du second degré, alors là c’est la fête.

Merci beaucoup Mélusine Laura Raynaud !

Plus d’informations sur Germinal via ce lien.

Interview de Thomas Perrier

Thomas Perrier, vous êtes auteur et réalisateur depuis une vingtaine d’années, vous travaillez pour le cinéma, la télévision et le théâtre. Vous êtes notamment l’auteur de C’est la vie qui sort au cinéma le 28 juillet, de plusieurs épisodes de séries pour la télévision comme Caméra café, Tandem, Louise, également de la pièce Les grands moyens qu’on a pu voir au Théâtre de la Gaité Montparnasse. Quel est votre parcours ? Comment en êtes-vous venu à l’écriture et la réalisation de fictions ?
J’ai commencé par des études dans la Pub, et travaillé au début comme concepteur rédacteur junior en agence, avant de faire des jeux sur des services audiotel et sur internet pour un groupe de presse. A partir de 2002 je n’ai plus vécu que de l’écriture de fiction. D’abord des sketchs pour la radio sur « Arthur et les pirates », la saison 1 de Caméra Café, et des lancements pour les émissions de Karl Zéro. Puis des formats plus longs, au cinéma avec un scénario de long métrage, au théâtre avec la co-écriture d’un one man show et d’une pièce, et enfin en Télé avec des épisodes de Soeur Thérése.com sur TF1. A partir de là, j’ai essayé de jongler entre ces 3 supports, avec plus de réussites en télévision. En parallèle, j’ai réalisé deux courts métrage de comédie, dont le deuxième a remporté le Prix à l’Alpe d’Huez et à Meudon. Voilà à peu près mon parcours, surtout entre télé et cinéma, sachant que C’est la vie est le premier scénario que j’ai écrit, porté à l’écran, après de nombreux développements d’autres projets dans divers productions.
J’en suis arrivé à la fiction, parce que j’ai toujours aimé le cinéma, et raconter des histoires, mais aussi parce que je ne savais rien faire en particulier, donc entre deux parties de Mario, une séance de cinéma et un match de tennis, j’écrivais pour passer le temps. C’était donc une passion bien avant de devenir un métier, d’ailleurs je ne sais toujours pas si c’est un vrai métier ? 

Vous êtes donc aussi bien à l’aise sur des formats destinés au cinéma qu’à la télévision ou au théâtre. Pouvez-vous nous parlez de vos processus d’écriture ? Diffèrent-ils en fonction du type de projet ?
Pour la télé et le cinéma, je fonctionne à peu près pareil, j’essaye de trouver une bonne idée, de rédiger quelques pages pour trouver un producteur, et développer le projet ensuite avec un partenaire, qui me maltraite, me fouette et me paye aussi. Pour le théâtre c’est très différent, puisqu’il faut écrire une pièce en entier, seul, avant de la faire lire, c’est donc beaucoup un travail sans filet. Même si c’est le plaisir absolu pour un auteur, faut trouver un bon créneau avant de se lancer dans l’écriture d’une pièce. Par contre vous pouvez vraiment faire évoluer votre texte en faisant des lectures avec des comédiens, ce qui est beaucoup moins efficace en cinéma et télé. 

Vous êtes donc l’auteur du film C’est la vie, réalisé par Julien Rambaldi et qu’on aura la chance de voir en salle dès le 28 juillet. Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ? Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le film ?
Je racontais une anecdote sur la naissance de ma fille à un ami, qui m’a dit « tu devrais en faire un film ». Je me suis dit que c’était pas bête, tout le monde a des anecdotes sur les naissances,  donc le sujet parlerait à tout le monde. Comme des anecdotes ne suffisaient pas pour construire tout un long métrage, j’ai décidé d’en faire un film chorale, afin d’avoir plein de petites histoires. Le film choral est un genre que j’adore, entre Love Actually et Claude Sautet, je n’avais pas besoin d’acheter ces films pour les copier, je les avais déjà à la maison. Pour ce qui est du film en lui même, j’ai trouvé que la collaboration avec le réalisateur, Julien Rambaldi, avait été un vrai plaisir, et surtout un vrai bénéfice pour le film. Le passage du scénario au film c’est souvent frustrant pour le scénariste, là ça a été l’inverse, j’ai le sentiment que le film est meilleur que le scénario. 

Avez-vous des projets en cours ou à venir dont vous souhaiteriez nous parler ? Quels sont vos désirs pour l’avenir ?
Je travaille actuellement sur un projet de série pour France Télé, avec Alexandra Echkenazi. Je travaille aussi sur un projet de long métrage de comédie, et je rêve d’écrire un autre film chorale, mais je ne trouve pas la bonne idée. 

Merci Thomas Perrier !

Interview d’Angèle Herry-Leclerc et Pierre-Yves Mora

Angèle Herry-Leclerc et Pierre-Yves Mora, vous êtes scénaristes et vous dirigez ensemble les cinq saisons de la série L’art du crime sur France 2.   
Quels sont vos parcours ? Qu’est-ce qui vous a amenés à l’écriture ?
 

Pierre-Yves : Après un diplôme d’école de commerce, j’ai commencé par la production en travaillant pour un syndicat de producteurs de cinéma puis en m’associant dans une société de production. Mais j’ai ensuite eu l’opportunité de co-réaliser un court-métrage qui a connu un beau succès en festivals et je me suis rendu compte à cette occasion que j’étais nettement plus doué pour la création que pour le business ! Je me suis donc progressivement dirigé vers l’écriture d’abord pour le cinéma puis pour la télévision à partir de 2006.  
Angèle : J’ai fait des études de lettres puis quelques boulots avant de me dire que j’étais faite pour l’écriture, et plus encore, pour l’écriture d’histoires destinées à être filmées. Alors j’ai commencé à coucher des histoires, rédigé un synopsis, démarché des producteurs… qui un moment m’ont dit : « mais comment ? Tu n’as pas d’agent ? Mais vas voir Lise !! » Elle a eu la gentillesse de lire mon synopsis et c’est comme ça que je suis rentrée à l’agence… 
  
Avant de travailler ensemble à la création de L’art du crime, vous avez notamment co-écrit pour les séries Nina, Boulevard du Palais ou encore Julie Lescaut, comment vous êtes-vous rencontrés ?  

Pierre-Yves : C’était en avril 2006 (ça fait 15 ans !) j’avais déjà écrit plusieurs scénarios de longs-métrages mais je commençais tout juste à décrocher mes premiers contrats pour la télévision et une amie m’avait conseillé de voir Lise Arif pour me représenter. C’est à cette occasion que Lise m’a proposé de rencontrer Angèle qui essayait de percer dans le métier. Bref, c’est elle qui nous a « mariés » ! Et comme le dit Lise, ce fût le « mariage du siècle » !  On a commencé à travailler ensemble sur un « Sœur Thérèse.com », un vrai parcours du combattant duquel nous sommes sortis vainqueurs ! On s’est à cette occasion découvert de vraies affinités et une belle complémentarité. Et ensuite on ne s’est plus quittés en enchaînant d’autres série comme Diane femme flic, les Bleus ou Boulevard du Palais. Bon, j’ai parfois travaillé seul, notamment sur Julie Lescaut mais il faut prendre de temps en temps un peu de distance dans un couple pour mieux se retrouver, non ?  
Angèle : oui, mais au moment où j’allais travailler seule de mon côté, on a signé L’art du crime ! Nous avons un vrai plaisir à travailler ensemble : assez proches pour se comprendre vite, suffisamment différents pour être complémentaires. L’écriture à deux n’est pas forcément évidente et c’est une chance de s’être rencontrés. A force d’écrire ensemble, en plus, on déteint l’un sur l’autre ! Quand on a travaillé avec Agathe Robilliard sur l’épisode Jérôme Bosch, elle nous a arrêtés en plein brainstorming en disant : « pardon mais je ne parle pas encore le Angèle et Pierre-Yves, vous pourriez me traduire ce que vous venez de vous dire ? » 
 
Pouvez-vous nous parler de la création de la série L’art du crime ? Comment est né ce projet ?  

Pierre-Yves : On avait déjà travaillé avec la productrice Isabelle Degeorges sur un beau projet qu’avait initié Angèle, « Archeologia ». A l’occasion d’un changement de direction, le projet avait été arrêté par la chaîne mais pour rebondir Isabelle nous a proposé d’imaginer un concept de série policière qui mettrait en valeur le patrimoine culturel de notre beau pays. Pour Angèle et moi ça a tout de suite fait « tilt » parce qu’on est à la fois amoureux de l’art et du polar. On a assez rapidement imaginé ce personnage d’historienne de l’art qui se retrouve malgré elle plongée dans une enquête policière un peu à la « Da Vinci code ». Une historienne sérieusement névrosée qui se rend compte que les enquêtes policières agissent sur elle comme une sorte de thérapie. La série a été retoquée par une première chaîne qui trouvait ça trop « moderne » mais ce fût pour le bien du projet puisqu’en le retravaillant pour France 2, on a créé le personnage du flic totalement hermétique à l’art qui a permis de mettre en place cette promesse de « clair de lune » romantico-ludique entre deux êtres que tout oppose… L’Art du crime était né !  
Angèle : on voulait à la fois du polar et de la comédie, qu’on voie les tableaux mais que ça reste ludique. On a appris ensuite que de nombreux projets de séries sur l’art avaient été proposés aux chaînes qui les avaient refusés. Si l’Art du Crime est passé, c’est parce que les enquêtes policières ne partent pas d’un vol de tableaux mais toujours d’un meurtre. A début, nous nous demandions comment nous allions faire pour trouver à chaque épisode le mobile d’un meurtre au présent en rapport avec un peintre du passé, qui a vécu parfois il y a plusieurs siècles ! Mais à chaque fois, nous trouvons ! 

La quatrième saison sera diffusée dès le 7 mai sur France 2 et une cinquième est déjà en préparation. Comment avez-vous abordé ces nouvelles saisons ? Y a-t-il des nouveautés ?  

Pierre-Yves : La principale nouveauté c’est qu’Angèle et moi nous nous investissons de plus en plus dans la direction artistique de la série. Arnaud de Crémiers qui nous suit chez Gaumont depuis la mise en production du pilote a eu cette intelligence de nous impliquer chaque saison un peu plus dans le processus de fabrication de la série. Nous sommes aujourd’hui producteurs artistiques et nous formons vraiment avec Arnaud le producteur une belle équipe basée sur la confiance et le dialogue. C’est un des secrets de cette série : En nous impliquant plus dans la production, on peut Angèle et moi mieux adapter l’écriture aux exigences économiques et « optimiser » la cohérence et la qualité artistique de la série. Avec à la clé une belle reconnaissance du public et de la profession puisque la série a été sélectionnée chaque année à la Rochelle (2 fois), à Cognac (2 fois), et en obtenant récemment le prix de la meilleure série à Luchon. 
  
Y a-t-il des projets sur lesquels vous travaillez actuellement dont vous souhaiteriez nous parler ? Quels sont vos désirs pour l’avenir ?  

Pierre-Yves : La saison 5 part bientôt en tournage mais c’est la diffusion de la saison 4 qui décidera si on se lance dans l’écriture d’une saison 6 ou non. En attendant, on a bien sûr d’autres envies de séries à créer qui nous permettraient d’imaginer d’autres formes de narration, mais on en est vraiment au tout début pour l’instant. 
Angèle : on a envie de parler le « Angèle et Pierre-Yves » aussi sur d’autres terrains de jeu… !

Merci beaucoup !

Pour plus d’infos sur L’art du crime saison 4, cliquez ici !

Interview de Victor Lockwood

Victor Lockwood, vous êtes scénariste, vous avez notamment participé à l’écriture des séries Sam et Les bracelets rouges, vous êtes co-auteur de la série Mental dont la deuxième saison vient de sortir sur France tv slash. Quel est votre parcours ? Qu’est-ce qui vous a amené dans ce domaine ?

Issu d’une famille franco-britannique, j’ai d’abord étudié la littérature et le théâtre, en France puis en Angleterre. J’ai ensuite eu la chance de partir aux États-Unis, où j’ai travaillé en tant qu’assistant metteur en scène sur des comédies musicales, entre San Francisco et la scène Off-Broadway à New York. A mon retour en France, j’ai cherché le moyen de concilier mon amour de la scène et de la comédie, et ma pratique de l’écriture. Le scénario m’a semblé être la forme idéale pour moi, et j’ai rejoint le département « Création de Séries TV » de la Fémis, me sentant plus sériephile que cinéphile à l’époque. C’est comme ça que ça a commencé.

Vous avez écrit les deux saisons de Mental, avec votre co-autrice Marine Maugrain-Legagneur. Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ?

A l’origine, j’ai rencontré Augustin Bernard, producteur chez Blacksheep Films, qui venait d’acheter les droits de Sekasin, un format finlandais dont il cherchait à produire l’adaptation française. Nous avons très vite compris que nous partagions la même vision du projet, et je crois que ma participation à l’écriture des Bracelets Rouges, mon expérience de l’hôpital, et ma passion pour le tumulte adolescent, ont joué en ma faveur. Nous avons ensuite proposé à Marine, que j’ai connue sur les bancs de la Fémis, de nous rejoindre : je savais que, tous les deux, nous saurions trouver le ton caustique, irrévérencieux, qui empêcherait Mental de tomber dans le pathos, pour au contraire mettre en lumière la force de vie incroyable de ces jeunes.

Mental traite la souffrance psychique des adolescents, en suivant plusieurs jeunes hospitalisés dans une clinique pédopsychiatrique. Comment vous êtes-vous documenté sur le sujet ? 

Mental est le fruit d’un long travail de recherche. Car si la série n’a pas une vocation documentaire, il était fondamental pour nous d’ancrer notre récit dans le réel, et de dépeindre avec justesse l’expérience de jeunes patients. En plus de nos lectures, et de nos rencontres avec de nombreux professionnels de santé, nous avons été suivis, tout au long de l’écriture, par Amélie de Cazanove (psychologue clinicienne et psychanalyste), et Catherine Joubert (psychiatre), qui ont « expertisé » les profils psychologiques de nos personnages, permis de mieux comprendre le fonctionnement de l’hôpital et les rapports de force qui s’y jouent, et ouvert les portes d’instituts pédopsys, pour que nous puissions nous en inspirer… Une aide très précieuse. Bien sûr, nous avons aussi voulu recueillir le témoignage de patients, et d’anciens patients. Outre nos entretiens, nous avons découvert que beaucoup d’entre eux se livrent sur Internet, font communauté, partagent leurs vécus : une mine d’or pour nous !

La deuxième saison est sortie vendredi 2 avril sur la plateforme de France Télévisions, France tv slash. Comment avez-vous abordé cette nouvelle saison ? Y a-t-il des nouveautés ?

Mental est une série feuilletonnante : la deuxième saison traite des conséquences de la fin de la première. Plus largement, Marine et moi aimons réfléchir à une grande idée générale, qui donne un fil conducteur à notre écriture. Si, en saison 1, nous nous demandions ce que voulait dire « admettre qu’on est malade », la deuxième saison s’intéresse à ce que veut dire « vivre avec la maladie », lorsqu’on l’a admise. Pour cette deuxième saison, nous avons cherché à porter nos ambitions encore plus loin, autant à l’écriture qu’à la réalisation, assurée par Slimane-Baptiste Berhoun, poussant les curseurs aussi bien dans la comédie que dans le drame. Nous présentons de nouveaux personnages, et explorons de nouvelles pathologies, comme les Troubles du Comportement Alimentaire.

Quelles sont vos envies pour l’avenir ? Avez-vous des projets en cours ou à venir ?

Je développe en ce moment plusieurs projets de « dramédies » 26’, un format que j’ai encore envie d’explorer, ainsi qu’une série Young Adult co-produite par la France et les États-Unis, et un long-métrage avec les États-Unis – des projets qui me permettent d’exploiter mes origines et d’écrire dans les deux langues.

Merci Victor Lockwood !

Plus d’informations sur la deuxième saison de Mental via ce lien.

Interview de Caroline Franc, Elise Ayraul-Terrien et Inan Çiçek

Caroline Franc, Elise Ayraul-Terrien et Inan Çiçek, vous êtes autrices et auteur, vous avez notamment participé à l’écriture de la 11e saison de Clem diffusé sur TF1 depuis le 19 avril.
Pouvez-vous nous parler de vos parcours respectifs ?

Caroline Franc : J’ai commencé ma vie professionnelle comme journaliste, au sein notamment d’une agence de presse. Puis en 2011, je suis devenue free lance, j’ai continué d’écrire pour la presse (Le Monde, Challenge, Psychologies magazine, l’Express, etc) tout en me lançant dans la fiction. Via le programme court Parents mode d’emploi (France 2) mais aussi l’écriture de livres, dont un roman, « Mission Hygge », sorti en 2018. Parallèlement, j’ai tenu un blog de chroniques « Pensées by Caro » et j’ai élargi ma palette scénaristique en commençant à écrire pour des séries comme Clem ou des unitaires. Aujourd’hui je suis scénariste à plein temps.

Elise Ayraul-Terrien : Après avoir réalisé un documentaire sur les coulisses de la politique, j’ai quitté le journalisme pour devenir scénariste. Directrice de collection de la série Parents mode d’emploi sur France 2 puis cocréatrice de la nouvelle version sur France 3, j’ai rejoint l’équipe de Clem pour la saison 11 et je participe actuellement à l’écriture de la saison 12.

Inan Çiçek : J’ai toujours voulu écrire. Depuis tout petit. Du coup j’ai fait une licence cinéma puis l’EICAR. Seulement, après avoir tenté de réussir dans le théâtre et compris que c’était très dur, j’ai pris peur et bifurqué vers le journalisme. J’ai travaillé pendant huit ans pour différentes émissions télé. Mais l’envie d’écrire ne m’a jamais quitté et j’ai continué à faire des trucs sur Internet en parallèle.
Jusqu’au jour où j’ai arrêté d’avoir peur et je me suis lancé à 100 % dans le scénario. Depuis 5 ans, j’ai fait du sketch, du 52 minutes, et même du 90 récemment avec le téléfilm
Escape sur W9 [+ d’infos]. Prochaines étapes : un long pour le cinéma et avec un peu de chance, du 26…

Comment vous êtes vous retrouvés·es sur la série Clem ?

Inan Çiçek : Merlin Productions cherchait à la fois des projets d’unitaires comédie romantique et de jeunes auteurs pour le reboot de Clem. Avec mon coauteur de l’époque Florian Spitzer, on avait justement un bon pitch de comédie romantique et on était de jeunes auteurs. On a eu deux rendez-vous dans la même matinée et on a été pris pour les deux. La comédie romantique ne s’est pas faite mais les ateliers se sont très bien passés. Du coup, Rose Brandford Griffith, Fabrice Renault et Vanessa Clément nous ont donné notre chance pour les dialogués puis les chemins de fer. On en est à troisième année maintenant. Merci à eux.

Caroline Franc : J’ai été appelée par deux scénaristes qui étaient alors directrices de collection pour la saison 8, Chemsa Dahmane et Estelle Sayada, que je connaissais pour les avoir rencontrées sur Parents mode d’emploi. De l’importance du réseau dans ce métier !

Pouvez-vous nous expliquer votre rôle à chacun dans l’écriture de cette nouvelle saison ?

Elise Ayraul-Terrien : J’ai co-écrit les arches de la S11 et les 3 premiers épisodes dialogués avec Inan Icek et Adrien Léveillé.

Inan Çiçek : J’ai été présent de bout en bout (chemins de fer, dialogués, lissage) sur l’écriture des épisodes 1, 2 et 3. Du coup j’ai pu suivre toutes les transformations du texte tout au long des étapes de fabrication. C’était hyper intéressant. J’ai beaucoup appris. Et quand je vois les épisodes à l’écran, évidemment il y a un milliard d’autres personnes impliquées dans le processus, mais je me sens vraiment l’auteur de ces épisodes.

Caroline Franc : Pour cette saison 11, j’ai participé aux arches, puis à l’écriture des séquenciers des épisodes 1, 2 et 3 et enfin à celle des séquenciers et dialogues des épisodes 4, 5 et 6. C’était un plaisir d’être présente du début à la fin du process, sur l’intégralité de la saison. Un plaisir et pas mal de boulot.

Caroline Franc, vous êtes scénariste sur la série depuis sa 8e saison, et vous allez être directrice d’écriture de la 12e. Pouvez-vous nous expliquer comment votre rôle a évolué au cours de ces saisons et en quoi consiste la direction d’écriture ?

Caroline Franc : Sur la saison 8, j’étais assez junior mais j’ai eu la chance d’être accompagnée dans l’écriture par Estelle et Chemsa mais aussi par Rose Brandford, ancienne DG de Merlin et Fabrice Renault, DG actuel, qui m’a accordé sa confiance et m’a rappelée pour les autres saisons. Petit à petit, j’ai pris plus de responsabilités, en écrivant le « reboot » de Clem avec une saison 9 devenue feuilletonnante et projetant l’héroine six ans plus tard. Un risque qui a été plutôt payant. Saison après saison, je pense m’être appropriée de plus en plus les personnages, qui sont devenus quasiment des membres de ma famille ! Et pour la saison 12 en cours d’écriture, Vanessa Clément, la productrice artistique et Fabrice Renault m’ont proposé de prendre la direction de collection. Cela consiste à coordonner les auteurs, mais aussi à concevoir les arches des personnages et veiller à la cohérence de l’écriture sur les six épisodes. Je co-écris également certains épisodes, notamment avec Elise Ayrault.

Avez-vous des projets en cours ou à venir dont vous souhaiteriez nous parler ?

Inan Çiçek : J’ai plusieurs projets en développement, à différents stades, mais le développement ça sert à rien d’en parler. En tout cas, moi je n’aime pas tant que ce n’est pas fait.

Elise Ayraul-Terrien : En parallèle de la saison 12 de Clem, je travaille sur des projets de série plus personnels en développement chez Barjac ou Vendome Productions.

Caroline Franc : Je travaille notamment au développement d’une série avec un producteur américain, j’ai également un projet d’unitaire et j’espère venir à bout d’un projet de long métrage. Difficile d’entrer davantage dans les détails pour l’instant pour des raisons de confidentialité. Je viens aussi de terminer un épisode de Joséphine Ange Gardien (TF1).

Merci à tous les trois !

+ d’infos sur la 11e saison de Clem : https://www.agencelisearif.fr/onzieme-saison-de-clem-sur-tf1/

Interview de David Elkaïm

David Elkaïm, vous êtes auteur pour la télévision, le cinéma. Vous êtes notamment le créateur et co-scénariste de la série Arte Ainsi soient-ils, scénariste de la série En thérapie, qui vient de dépasser les 30 millions de vues sur arte.tv, ainsi que de la comédie romantique d’’anticipation Poissonsexe, sortie au cinéma en septembre 2020. Comment en êtes-vous venu à l’écriture de scénarios ?
J’ai commencé par une fac de cinéma – Paris 3-Censier – où j’ai fait une maîtrise sur « Laurel et Hardy » – avant de rentre à la FEMIS en scénario. En parallèle, et c’est ce qui m’a vraiment poussé, et obligé, à m’intéresser à la dramaturgie, j’ai écrit des spectacles pour enfants que je mettais en scène (et jouais) dans des Festivals, pendant l’été. Les enfants est un des publics les plus exigeant que je connaisse: si ça ne leur plaît pas, s’ils s’ennuient, ils ne font pas de cadeaux, ils se lèvent et ils se cassent, parfois en traversant la scène. A la FEMIS, j’ai proposé, pour mon projet de fin d’étude, d’écrire, une bible de série. C’était en 1996 : j’étais précurseur, mais ma directrice de département a fait des pieds et des mains pour que je renonce. En sortant de l’école, j’ai passé quelques années à écrire des scénario qui n’ont jamais abouti. Pour gagner ma vie, je faisais des interventions en Île-de-France, dans le cadre de « Lycéens au Cinéma » notamment, où, plutôt que de resservir une soupe théorique et universitaire, je demandais aux lycéens de me raconter l’histoire des films qu’ils avaient vu, et je leur donnais les outils dramaturgique (et le vocabulaire) qui leur permettaient de comprendre le sens des films.

Vous collaborez très souvent avec Vincent Poymiro. Ensemble vous avez créé et co-écrit Ainsi soient-ils et avez co-écrit En thérapie, deux séries qui cartonnent ! Comment vous êtes-vous rencontrés ? C’est important pour vous d’écrire à 4 mains (ou plus !) ?
Nous nous sommes rencontrés au lycée Montaigne à Bordeaux. Je débarquais du Maroc avec beaucoup d’envie et d’acnée. Je m’ennuyais en Terminale C, et je me suis fait, grâce au journal du lycée, le club théâtre, et le ciné-club, toute une bande d’amis plutôt littéraires dont Vincent faisait partie. Nous avons très vite fabriqué, à plusieurs, on devait être une dizaine, des spectacles de théâtre, des films en 16mm. Donc, il a été très naturel pour moi de passer à l’écriture à plusieurs dès la sortie de la FEMIS. Avec Vincent, il n’a jamais été besoin d’user des politesses d’usage, quand on ne connaît pas la personne avec qui on doit collaborer: on se connaissait très bien, on ne s’était jamais perdu de vue, on avait des références communes, des goûts communs.

Pour En thérapie, qui suit un psychanalyste et ses 5 patients, vous vous êtes réparti avec Vincent Poymiro et vos 3 autres co-scénaristes les personnages. Chacun de vous avait donc un patient attitré et a écrit l’ensemble des épisodes correspondant à sa thérapie. Est-ce une façon classique d’écrire une série ? Comment vous êtes-vous partagé vos personnages ?
Après avoir établi les bases de l’adaptation avec Eric Toledano et Olivier Nakache, nous avons réunis une équipe de scénaristes pour repasser sur les arches de la saison, et que chacun comprenne de quoi il était question dans chaque ligne narrative, et notamment celle du psychanalyste – que chacun allait avoir à prendre en charge. Puis nous avons laissé à nos trois jeunes collaborateurs le soin de choisir la ligne, donc le personnage, avec lequel ils se sentaient le plus d’affinité. Pauline Guéna, qui avait cotoyé pendant un an les agents de la PJ de Versailles pour une enquête litteraire au long cours (et qui donnera 18.3 aux Editions Denoël)  a choisi l’agent de la BRI, Adel Chibane. Nacim Mehtar, le plus jeune d’entre nous, a choisi l’adolescente Camille, et Alexandre Manneville a choisi Ariane, la chirurgienne. Nous, il nous est resté Damien et Léonora, le couple et Esther, la contrôleuse. Ce n’est pas comme cela que nous procédons habituellement lorsque nous montons un atelier d’écriture. Nous nous partageons le travail d’écriture par épisode, et non pas par personnage.

Poissonsexe, c’est une improbable comédie romantique désespérée. Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ?Pouvez-vous nous dire quelques mots sur ce film ?
J’ai rencontré Olivier alors que j’écrivais la deuxième saison d’Ainsi-Soient-Ils. Il avait déjà une base avec tous les éléments que l’on retrouve dans le film: un laborantin dépressif dans un monde où les poissons disparaissent, le désir de paternité, des poissons zèbres, un axolote, les référence à Nietzshe, une jeune femme célibataire, un robot au service de l’armée (à l’époque, c’était un chien), une baleine échouée, etc… et surtout un ton très mélancolique. Tous ses éléments coexistaient dans un capharnaüm impressionnant (et impressionniste). Mon travail, avec Olivier, a consisté à tout détruire (à ce moment-là, ça lui a fait très peur) pour tout reconstruire de façon à ce que ça raconte une histoire.

Quels sont vos projets en cours ou à venir ? Avez-vous des envies pour le futur ?
Je suis, avec Vincent, sur la post-prod’ de deux séries, l’une pour Netflix, qui est une adaptation d’un roman d’Harlan Coben (Disparue à jamais), l’autre pour la RTS (La chance de ta vie). Pour la RTS, nous développons, avec Perpetual Soup, la boîte de production que nous avons créé avec Jérémy Sahel, une série teen fantastique : The Other Girl.

Merci David

Interview d’Eric Eider, Ivan Piettre et Denis Thybaud

Eric Eider et Ivan Piettre, vous êtes tous les deux auteurs et collaborez très souvent ensemble. Vous avez notamment écrit des épisodes de Candice Renoir, Alex Hugo et Joséphine Ange Gardien, l’unitaire Mon cher petit village pour Arte, et vous êtes les créateurs de Tropiques Criminels, dont la deuxième saison sera diffusée le 19 février sur France 2. Denis Thybaud, vous êtes auteur et réalisateur. Vous avez réalisé plusieurs longs-métrages pour le cinéma, Dans tes rêves, Les Mythos et Papa où t’es ?, ainsi que des séries pour la télévision. Vous réalisez notamment des épisodes des deux saisons de Tropiques Criminels. Quels sont vos parcours respectifs ? Qu’est-ce qui vous a amené dans ces domaines ?

Eric Eider : Très jeune, j’ai senti le besoin de m’exprimer dans un domaine artistique. Quand j’avais 15/16 ans, mon père a dirigé un théâtre à Paris. C’est ainsi que j’ai mis un pied dans ce métier. J’ai assisté de nombreuses répétitions de pièces de théâtre avec de grands acteurs comme Michel Galabru et bien d’autres. J’étais fasciné à la fois par la scène mais également par l’envers du décor. À 20 ans, je suis parti vivre aux USA pour étudier la comédie à Los Angeles au Lee Strasberg Theatre and film Institut. Lors de cours d’improvisations sur scène, certains de mes professeurs ont mis en avant ma capacité à imaginer des histoires et m’ont encouragé à écrire. Mais je pense que j’étais trop jeune et avais envie de vivre d’autres expériences. De retour en France deux ans plus tard, et un parcours de comédien j’ai ressenti le besoin de m’exprimer différemment. C’est en devenant prof dans une école de réalisation et en aidant les élèves à écrire leurs courts-métrages de fin d’année que j’ai eu le sentiment d’avoir enfin trouvé ce qui pourrait me permettre d’exprimer ma créativité : l’écriture.

Ivan Piettre : J’ai passé l’enfance devant des séries et des films, j’ai toujours écrit, si bien que devenir scénariste a rapidement été une évidence. J’ai longtemps travaillé en production sur la direction d’écriture avant de devenir moi-même scénariste. J’ai rencontré Eric sur la série Candice Renoir (c’est la créatrice de la série Solen Roy-Pagenault qui nous a associés) et après six ans de travail ensemble, nous souhaitions développer notre propre série. C’est là que la rencontre avec Thierry Sorel a été décisive

Denis Thybaud : Thierry Sorel, le producteur a voulu me rencontrer suite au visionnage de mon travail. On ne se connaissait pas. Il m’a expliqué avec beaucoup de précision l’ADN de la série à savoir : policier, duo de femmes, action et comédie avec comme 3eme personnage principal la Martinique. Le projet m’a tout de suite parlé.

Eric et Ivan, pouvez-vous nous parler de la création de la série Tropiques Criminels ? Comment est né ce projet ?

Eric Eider et Ivan Piettre : Le producteur, Thierry Sorel, en a eu l’idée originale. Il voulait créer une série policière sur un duo de femmes dans les Antilles. Il avait écrit quelques pages et nous a laissé la liberté complète de s’en approprier. Nous avons eu l’idée de ce personnage de Mélissa Sainte-Rose, femme noire, née en Martinique, mais qui n’y a jamais vécu et qui se retrouve mutée là-bas. Ça a été le point de départ qui nous a permis d’entrer dans cette série et d’imaginer les autres personnages.

Comment avez-vous été amenés à travailler tous les trois, comment vous êtes vous rencontrés ?

Eric Eider et Ivan Piettre : Nous nous sommes rencontrés pour la préparation des tournages des épisodes 5 à 8 de la première saison, réalisés par Denis. En tant qu’auteurs et directeurs artistiques, nous avons échangé sur le casting, les personnages et l’ambiance de la série. Ce qui, pour de raisons de temps, n’avait pas été vraiment possible pour les premiers épisodes. A ainsi été créée une habitude de travail commune que nous avons poursuivi sur cette seconde saison.

Denis Thybaud : C’est très rare de travailler avec des auteurs qui s’impliquent autant dans tout le processus de fabrication d’une série. Pour un réalisateur c’est très agréable car ça offre une vraie liberté créative.

Quelles sont les nouveautés apportées à cette deuxième saison, aussi bien du côté de l’écriture, de l’évolution du duo interprété par Sonia Rolland et Béatrice de la Boulaye que de la réalisation ?

Eric Eider et Ivan Piettre : Concernant l’écriture, nous avons poursuivi ce qui était notre idée de départ : à la fois traiter des sujets de société forts (la justice sur internet, le droit à l’IVG…), parler de la Martinique et y ajouter beaucoup d’humour et de légèreté. La dynamique du duo de nos personnages principaux s’y prête particulièrement. En seconde saison, nous avons pu développer plus encore le privé que ce soit celui de nos héroïnes mais aussi des personnages secondaires (comme Phil, policier de la PTS, personnage décalé que nous aimons beaucoup). Nous avons conscience que le côté addictif de la série, l’attachement des spectateurs à nos épisodes, viendra essentiellement de ces intrigues privées et du côté feel good de notre série.

Denis Thybaud, comment s’est déroulé le tournage de cette deuxième saison ? Avez-vous une anecdote à nous faire part ?

Denis Thybaud : Cette saison 2 a été pour moi l’occasion de mettre en œuvre tout ce que je n’avais pas pu faire dans la saison 1, à savoir donner une identité visuelle forte à la série. Avec mon chef op on a profité du confinement pour mettre au point un étalonnage qui corresponde complètent à l’atmosphère de la série. On s’est inspiré notamment de la série Narcos. Avec mon cameraman on a créé également une manière de filmer très dynamique, plus proche des comédiens et toujours au service de la comédie. Enfin, j’ai beaucoup travaillé sur la comédie avec Sonia et Béatrice. C’est une série qui n’est pas simple à réaliser car il faut savoir manier la comédie, l’action et l’enquête policière. Et la météo !!!!!

Y a-t-il des projets sur lesquels vous travaillez actuellement, ensemble ou séparément, dont vous souhaiteriez nous parler ? Quels sont vos désirs pour l’avenir ?

Eric Eider et Ivan Piettre : Nous sommes entièrement impliqués sur la troisième saison dont Denis réalisera les quatre premiers épisodes. Nous échangeons régulièrement avec lui pour parfaire la charte artistique de la série et toujours améliorer nos épisodes. Du fait de la qualité de notre collaboration, nous serons heureux de développer avec Denis d’autres projets.

Denis Thybaud : Le fait de travailler main dans la main avec Ivan et Éric me donne évidemment envie de continuer avec eux car c’est un luxe d’avoir en permanence deux auteurs à ses côtés !!

Plus d’infos sur Tropiques Criminels :
http://www.agencelisearif.fr/tropiques-criminels-saison-2-des-le-19-fevrier-sur-france-2/

Plus d’infos sur Eric Eider :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/eric-eider/

Plus d’infos sur Ivan Piettre :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/ivan-piettre/

Plus d’infos sur Denis Thybaud :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/denis-thybaud/

Interview n°2 Adeline Darraux

TOURNAGE « LA FAUTE A ROUSSEAU »
REAL : ADELINE DARRAUX
Savigny sur Orge,FRANCE-AOUT 2020
EPISODE 0

Vous êtes réalisatrice pour la télévision depuis plus de 10 ans, vous avez réalisé plusieurs saisons de Candice Renoir et Agathe Koltes, ou encore les unitaires Meurtres en Corrèze et Mauvaise mère. Vous venez de réaliser La faute à Rousseau, la nouvelle série de France 2 qui sera diffusée à partir du 17 février. Comment est né ce projet de série ? Pouvez-vous nous raconter sa création ?
J’ai tout simplement été contactée par Lou Gauthier et Sebastien Pavard pour faire partie du projet, m’expliquant que nous serions deux réalisateurs à mettre en place l’artistique de la série, j’ai aimé l’idée d’une collaboration.

Vous avez réalisé les épisodes 1 à 4, et Octave Raspail a réalisé les épisodes 5 à 8. Comment avez-vous travaillé ensemble afin de créer une cohésion entre les 8 épisodes ?
On ne se connaissait pas, mais on s’est tout de suite entendus. Nous avons tout fait à deux, le choix des équipes, la charte artistique. Ça été assez facile parce que nous étions presque toujours d’accord. C’est stimulant de travailler à deux. on se renvoie la balle, on se pose plus de questions, on va plus loin.

TOURNAGE « LA FAUTE A ROUSSEAU »
REAL : ADELINE DARRAUX
Savigny sur Orge,FRANCE-AOUT 2020
EPISODE 0

On imagine que la situation sanitaire a dû vous contraindre à modifier vos habitudes de travail, comment vous êtes-vous adaptés ? Comment s’est déroulé le tournage ?
J’ai été inquiète au début de ce que nous aurions le droit de tourner. On a adapté un peu le scénario pour certaines séquences, on a réduit le nombre de figurants notamment dans la salle de classe pour laisser plus d’espace, on a surtout essayer de trouver des astuces en mise en scène pour que ça ressemble à la vie normale. C’était le début (on a fait partie des premiers tournages à reprendre après le premier confinement), on a fini par trouver le bon rythme de croisière entre les tests, les masques pour tout le monde, la désinfection du matériel, etc…

Avez-vous des souvenirs ou anecdotes du tournage à nous faire part ?
Nous avons commencé le tournage par les séquences de salle de classe et donc les cours de philo. Je me souviens de la fin de la première journée où j’entendais l’équipe de tournage parler philo. Le texte avait fait réagir tout le monde. Je me suis dit que c’était bon signe.

Y a-t-il des projets sur lesquels vous travaillez actuellement dont vous souhaiteriez nous parler ? Quels sont vos désirs pour l’avenir ?
Je termine actuellement la post-prod d’un très joli Thriller On n’efface pas les souvenirs produit par Mintee Studio (Jacques Salles, Floriane Cortes, Gaspard de Chavagnac), une adaptation de Marie-Pierre Thomas, interprété par Annelise Hesme, Sam Karmann, Stéphane Debac, Ophélia Kolb, François-Dominique Blin… et je prépare un unitaire qui me tient aussi à cœur : Entre deux eaux produit par Sama productions (Alain tortevoix et Charlotte Pailleux), écrit par Camille Autain et Jérémie Bonheure. L’histoire d’une femme (Barbara Schulz) qui voit son mari et son fils disparaitrent dans le naufrage d’un chalutier et qui va se battre pour comprendre et trouver la vérité.

Plus d’infos sur Adeline Darraux :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/adeline-darraux/

Plus d’infos sur Marie-Pierre Thomas :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/marie-pierre-thomas/

Niko Tackian parle de « Solitudes » sur BFM et Europe 1

Niko Tackian était sur BFMtv mardi 19 janvier pour parler de Solitudes, son nouveau roman aux éditions Calmann Levy Noir. L’émission est à revoir sur le site de BFMtv ici : https://www.bfmtv.com/people/pourquoi-le-polar-francais-cartonne_VN-202101190020.html?fbclid=IwAR1HpMScHz222vREYlLJ1EakuC5TMtmxfFBlZxaYYoDb-3zc5Fs5RxuYL5o

Il était également l’invité de Philippe Vandel sur Europe 1 mercredi 27 janvier, l’émission est à réécouter ici :

Solitudes est disponible dans toutes les bonnes librairies depuis le début le 6 janvier !

AUSSI ÉPAISSES SOIENT LES BRUMES QUI LES PROTÈGENT, CERTAINES VÉRITÉS NE PEUVENT ÊTRE OUBLIÉES.
Élie Martins est garde nature dans le massif du Vercors. Il y a douze ans, une blessure par balle l’a laissé totalement amnésique. Depuis, il s’est reconstruit une vie dans cette région aux hivers impitoyables, aux brumes si opaques qu’elles vous égarent en deux pas. Alors qu’une tempête de neige s’abat sur le Vercors, des traces étranges mènent Élie jusqu’à l’« arbre taillé », un pin gigantesque dressé comme un phare au milieu de l’immensité blanche. Une femme nue est pendue à ses branches. Cette macabre découverte anime quelque chose sur la toile vierge des souvenirs d’Élie.
LA VICTIME EST UN MESSAGE À SON INTENTION, IL EN EST CERTAIN. ET IL EST TERRIFIÉ.

Plus d’infos sur Niko Tackian :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/niko-tackian/

Interview de Marie-Pierre Thomas

Vous êtes autrice-scénariste pour la télévision, quel a été votre parcours auparavant ?
Après un DEA de mathématique, j’ai travaillé avec Marc Ferro dont j’ai été la documentaliste et journaliste. La grande Histoire m’a passionnée comme m’ont passionnées toutes celles qui se cachent derrière. D’où mon gout pour les secrets révélés, qu’il s’agisse de faits historiques oubliés, ou des fantômes intimes qui nous habitent.

Vous proposez également des formations et de l’accompagnement dans la création de valeur des auteurs. Qu’est-ce qui vous a amenée dans ce domaine ?
En ce qui concerne les formations : l’envie de partager les outils que j’ai mis au point pour construire une histoire qu’elle se développe en série ou en unitaire. Former des scénaristes est une étape dans la reconnaissance de notre métier. Aujourd’hui, nous avons des tas d’auteurs extraordinaires en France, j’ai profité des missions qu’ils m’ont confiés (au sein de différentes structures) pour mettre un peu plus en avant leur talent.

Vous venez d’écrire le scénario de On n’efface pas les souvenirs, une fiction pour France 3 réalisée par Adeline Darraux qui se tourne en ce moment dans la région de Pau. Comment est né ce projet ?
Floriane Cortes et Jacques Salles, du Studio Mintee m’ont contacté pour l’écrire. Écrire pour eux s’est révélé être un vrai bonheur. C’était une collaboration rêvée. Ce qui a été d’une grande aide, car écrire ce thriller domestique entre les deux confinements était une vraie gageure. Tout comme l’est, je le sais le tournage. J’en profite également pour saluer la bienveillance des équipes de FTV.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette fiction ?
Comment survivre en pleine nature quand on se retrouve isolée de tous ceux qu’on aime et qu’en plus notre mémoire nous fait défaut. On n’efface pas les souvenirs raconte l’histoire de cette femme piégée par sa mémoire qui doit apprendre à vivre en pleine montagne et à retrouver son identité avec pour seuls compagnons, un ermite et son chien.

Quelles sont vos envies pour le futur, avez-vous des projets en cours dont vous souhaitez nous parler ?
Oui. J’ai coécrit un thriller familial avec Caroline Fait pour Sortilèges qui est en lecture. J’aimerai beaucoup voir cette histoire portée à l’écran. Par ailleurs je finalise actuellement un projet autour d’une manipulation sous forme de thriller, genre qui me plaît bien.

Merci Marie-Pierre Thomas !

Plus d’infos sur Marie-Pierre Thomas : http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/marie-pierre-thomas/

Marine Francou dans « Les 50 françaises qui ont fait 2020 » d’après Vanity Fair

Marine Francou fait partie des 50 femmes de 2020 d’après le magazine Vanity Fair.

« Marine Francou, 51 ans, scénariste

Les dernières saisons d’Engrenages, c’est elle. Des années à errer de tribunal en tribunal, à tisser des liens avec policiers, avocats, juges d’instruction pour trouver le ton juste dans l’écriture et les dialogues. Ses inspirations : The Wire, Mad Men, et Un Village français, série sur laquelle elle a passé dix ans. « Les gens passent tellement de temps à nous suivre, ça nous investit d’une responsabilité dans le sens ce qu’on raconte », dit celle qui marche dans les pas du grand David Simon. »

Après avoir assuré la direction de l’écriture et la direction artistique des dernières saisons d’Engrenages, Marine travaille actuellement à la création d’une nouvelle série pour Canal plus, produite par Mehdi Sabbar et Benjamin Dupont Jubien de Big Band story. Elle poursuit à cette occasion sa collaboration avec Antonin Martin-Hilbert qui a rejoint le pool d’auteurs qu’elle a constitué pour développer l’écriture.

L’article est à lire sur vanityfair. fr : https://www.vanityfair.fr/pouvoir/business/diaporama/50-francaises-qui-ont-fait-2020/

Plus d’infos sur Marine Francou : http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/marine-francou/

Interview de Gilles Cahoreau & Nathalie Hugon

Gilles Cahoreau & Nathalie Hugon vous êtes tous les deux auteurs, quel a été votre parcours auparavant ? Qu’est-ce qui vous a amené dans ce domaine ?
G.C. : J’étais journaliste et écrivain. C’est en travaillant sur la biographie de François Truffaut (éditions Julliard) que j’ai découvert le travail du scénariste. Ce qui m’a tout de suite plu c’est que c’est un sport d’équipe : entre la production, la réalisation et les comédiens, on n’est pas tout seul, c’est une écriture vivante qui évolue jusqu’au montage
N.H. : pour moi ça été une reconversion. J’ai été comédienne au théâtre pendant 20 ans, une vraie passion. Puis j’ai découvert la série, je suis même devenu addict et j’ai eu envie d’écrire. Je suis retournée à l’école, au CEEA, puis j’ai sauté le pas avec un premier unitaire pour TF1″la grève des femmes ». Je ne me suis plus jamais arrêtée.

Vous collaborez très souvent ensemble, vous avez notamment co-écrit des épisodes de Léo Mattei pour TF1, d’Alex Hugo pour France 2 et dernièrement vous avez écrit ensemble les trois policiers de la collection de France 3 : Les Brumes du souvenir, Les Murs du souvenir et Les Ondes du souvenir. Comment s’est passée votre rencontre ? C’est important pour vous de travailler en binôme ?
G.C. : C’est Lise qui a orchestré notre rencontre et ça a tout de suite été riche, gai et fructueux. Ayant écrit beaucoup de polar, je suis à l’aise sur le procédural et la construction, Nathalie a une formation de comédienne, elle a le souci premier des personnages et de laisser respirer les sentiments. On se complète idéalement.
N.H. : C’est ça on se complète, il faut qu’écrire soit une partie de plaisir, il faut s’amuser et être rigoureux, ensemble on a les 2.

Les Brumes du souvenir, Les Murs du souvenir et Les Ondes du souvenir, ce sont trois fictions dans lesquelles est évoquée l’Histoire à travers des affaires policières contemporaines. Comment avez-vous été amenés à travailler sur cette collection ? Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
G.C. : C’est né d’une discussion avec Delphine Wautier notre productrice, elle avait envie de fiction qui se passerait dans le grand Est. On a cherché et trouvé cet aspect méconnu de Verdun : la sanctuarisation du champ de bataille, les villages dits « morts pour la France ». Ça nous a tout de suite inspiré. Pour les suivants, on a cherché d’autres pages méconnues de l’histoire de France : Le Struthoff, seul camp de concentration sur le sol français pour les Murs, le site métallurgique du U4 et l’épopée de Radio Lorraine Cœur d’Acier pour les Ondes
N.H. : On a tous les deux un goût pour l’histoire, on voulait écrire, un polar qui fasse découvrir de façon didactique, des pans de nôtre passé. Cette collection c’est nôtre bébé, on en est fier. Delphine Wautier, notre productrice, Anne Didier et Anne Holmes de France TV, Sylvie Ayme la réalisatrice, nous ont accompagnés sur ces 3 volets. Même équipe technique, même comédiens récurrents , une vraie histoire de famille…

Gaëlle BONA, David KAMMENOS

Samedi 12 décembre sera diffusé le troisième volet de cette collection, Les Ondes du souvenir. Comment s’est passé l’écriture de ce film ? En parallèle de l’enquête policière, comment faites-vous évoluer les personnages principaux, Clara Merisi et François Gilbert, incarnés par Gaëlle Bona et David Kammenos ?
G.C. : Pour chaque film on se documente beaucoup. On part sur place tous les deux et on rencontre des témoins, on visite des lieux : le U4, les vitraux Majorelle du siège de la sidérurgie, les cités ouvrières, les aciéries transformées en terrain de golf… Ça nous inspire et on transmet tous ces décors à Sylvie Ayme, la réalisatrice. Le soir après les repérages et la documentation on discute avec Nathalie du parcours des personnages. Comme le sujet historique c’était l’engagement militant, il nous semblait intéressant de traiter en miroir la question de l’engagement intime, dans le couple de Clara et François mais aussi pour leur compère Guillaume.
N.H. : On décide d’une ligne dramatique intime sur nos récurrents pour chaque film. Elle traverse l’intrigue policière. Le couple de Clara et François suit des évolutions que n’importe quel couple peut rencontrer. Pour le polar c’est vraiment le sujet historique qui nous fait imaginer nos protagonistes.

Quelles sont vos envies pour le futur, avez-vous des projets en cours, ensemble ou séparément, dont vous souhaitez nous parler ?
G.C. : Avec Nathalie nous avons commencé à écrire un biopic sur la seule femme médecin engagée dans l’armée française pendant la première guerre mondiale. La hiérarchie a cherché à l’évincer mais elle s’est retrouvée en première ligne avec les poilus. Cette histoire vraie est une page édifiante de la lutte pour l’émancipation féminine. L’aventure d’une femme toute seule dans un monde d’homme… Passionnant.
N.H. : Je viens d’écrire avec Juliette Boudre l’adaptation de son livre « maman me laisse pas m’endormir » pour France 2. Ce film retrace la descente aux enfers de Juliette quand elle a découvert que son fils était drogué aux benzodiazépines. Une expérience très forte. Je travaille aussi sur l’adaptation d’une série fantastique coréenne, « Tunnel ». J’avais très envie de me coller au fantastique, je suis fan. J’espère aussi retrouver Gilles rapidement sur ce projet de biopic, c’est tellement dans la lignée de ce qu’on aime écrire ensemble.

Merci à tous les deux !

Plus d’infos sur Les Ondes du souvenir : http://www.agencelisearif.fr/les-ondes-du-souvenir-ecrit-par-nathalie-hugon-et-gilles-cahoreau-sur-france-3/

Plus d’info sur Gilles Cahoreau :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/gilles-cahoreau/

Plus d’infos sur Nathalie Hugon :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/nathalie-hugon/

 

Interview de Sébastien Paris

Vous avez commencé à travailler en tant que scénariste il y a une dizaine d’années, après avoir été attaché parlementaire puis directeur de la communication pour diverses structures de la Mutualité, des milieux très différents, comment cela est-il arrivé ? Qu’est-ce qui vous a amené dans ce domaine ?

Dans mes expériences professionnelles avant d’être scénariste, j’avais principalement un travail de plume. Et j’ai eu envie d’écrire autrement. C’est une amie, scénariste, Monica Rattazzi qui m’a aiguillé vers le scénario. J’ai passé le concours du CEEA grâce à ses conseils. J’y ai fait la formation longue et suis devenu scénariste en 2008.

Sébastien Paris & Eric Vérat

Vous travaillez souvent en duo, notamment avec Éric Vérat, comment travaillez-vous ensemble ? Selon vous quels sont les avantages et difficultés au travail en équipe ?

Nous passons beaucoup de temps à échanger oralement sur nos textes en amont de leur écriture ou pour effectuer des corrections. Ensuite, l’un d’entre nous fait un  premier travail sur le texte à partir de nos décisions communes. Texte que l’autre reprend. Et ainsi de suite.
Je ne vois que des avantages à la co-écriture. Pour peu que les deux auteurs se complètent. Avec Eric, comme avec mes autres partenaires d’écriture, Carine Hazan ou Laurence Löwenthal, nous avons des approches, des sensibilités et des expériences différentes grâce auxquels on apporte au texte des éléments qui se complètent. ça nécessite d’accepter de partager l’écriture, de savoir se remettre en cause, de savoir abandonner des choses ou de convaincre sans imposer à l’autre. J’aime beaucoup ce processus créatif commun. Pour moi, l’écriture est un travail collectif.

Vous avez créé, avec Éric Vérat, « César Wagner », une fiction policière dont le premier épisode a été diffusé en janvier sur France 2, comment est né ce projet ? Pouvez-vous nous dire quelques mots de ce polar ?

Le projet César Wagner est né du personnage. Nous avions créé ce flic hypocondriaque pour un autre projet qui n’a pas abouti. Mais nous aimions tellement ce personnage de flic différent que nous avons eu envie d’écrire une histoire autour de lui. Il s’est passé plus de 5 ans entre la création de notre personnage et son arrivée à l’écran.
César Wagner, c’est un flic qui cumule quelques handicaps. L’hypocondrie, est une affection qui ne lui laisse pas de répit. Il vit avec une angoisse de la maladie qui a des conséquences sur ses relations sociales et son boulot. Cette affection nous offre à la fois des moments drôles et des moments plus tragiques. Il souffre mais apprend aussi à se dépasser. S’ajoute à ça une mère dont les hautes fonctions, l’autorité et l’interventionnisme pèsent sur lui, personnellement comme professionnellement. Mais César Wagner est aussi empathique qu’obstiné. Prêt à beaucoup de sacrifices pour rendre justice à une victime, il est un enquêteur hors norme dons tous les sens du terme.

Deux nouveaux épisodes de la série sont diffusés en décembre, comment évolue le personnage de César Wagner et comment imaginez-vous la suite de la série ?

Dans le pilote on devait installer beaucoup de choses, le retour de César Wagner à Strasbourg, sa mère et sa place de Maire dans la ville, les relations qui s’installaient avec son équipe, entre les personnages, etc. C’est le passage obligé du pilote et on a essayé de l’installer par quelques scènes atypiques. Pour la suite, on veut faire évoluer nos personnages de la même manière en révélant des facettes inattendues par petites touches. César n’est pas qu’un flic hypocondriaque, Élise n’est pas qu’une légiste libre et cash. On tente de suivre aussi cette voie dans nos enquêtes policières. On cherche à ce qu’elles soient différentes de celles qu’on peut rencontrer dans d’autres séries polars et à ce qu’elles ne se ressemblent pas non plus entre elles. Que le spectateur ne sache pas à quoi s’attendre d’un épisode à l’autre. Surprendre par les thèmes, leur traitement ou par la structure de nos histoires.

Y a-t-il des projets sur lesquels vous travaillez actuellement dont vous souhaiteriez nous parler ? Quels sont vos désirs pour l’avenir ?

Je continue de travailler sur la série. On a deux épisodes en écriture et encore plein d’idées pour la suite… J’y prends beaucoup de plaisir. La qualité de nos échanges avec la production, les comédiens les équipes de tournage et le réalisateur y est pour beaucoup. J’ai d’autres projets qui attendent des jours meilleurs pour être proposés à un diffuseur. J’essaye de ne pas trop me disperser, une série comme César Wagner prend beaucoup de temps. Mais j’ai deux projets en cours, une série avec Carine Hazan entre drame et comédie, aux lisières du fantastique et une mini-série polar avec Laurence Löwenthal. Et pour le plaisir, encore quelques idées avec Eric Vérat…

Plus d’infos sur Sébastien Paris :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/sebastien-paris/

Plus d’infos sur « César Wagner » :
http://www.agencelisearif.fr/deux-episodes-inedits-de-cesar-wagner-co-ecrits-par-sebastien-paris-sur-france-2

Interview d’Alice van den Broek et David Robert

Alice et David, vous vous êtes rencontrés sur l’écriture de « Coup de Foudre à Bangkok », un coup de foudre pour vous aussi ?

AVDB : Un coup de foudre d’écriture oui ! Nous sommes tous les deux devenus scénaristes après une « première vie ».
DR : J’étais monteur, Alice journaliste. J’ai fait le CEEA, Alice la FEMIS. Nous nous sommes très vite sentis en phase et complémentaires dans l’écriture.

C’est la première fois que la collection « Coup de Foudre » s’aventure en Asie….

DR : Bangkok est une ville cinégénique par essence, un incroyable terrain de jeu. Alice et moi, comme les producteurs, étions attachés à mettre en avant le mélange d’ultra modernité et de tradition qui la caractérise.
AVDB : La VOST n’étant pas possible, le défi de l’écriture consistait à faire une fiction entièrement en langue française en Thaïlande. Nous avons trouvé des astuces pour rendre cela le plus organique possible. On a tenu à garder quelques répliques en thaï et aussi en anglais pour montrer le côté cosmopolite de la ville.

Dans cette histoire d’amour, l’héroïne Laura est ambitieuse, impulsive et déteste les enfants tandis que l’homme dont elle tombe amoureuse, Marc, est calme, posé, profond… Les personnages sont-ils inspirés de vous ?

DR : On puise en nous ou dans nos proches pour construire nos personnages, mais souvent de façon indirecte, pas forcément là où on l’attendrait. Je connais des auteurs très calmes qui se défoulent en créant des personnages à l’opposé d’eux. On a cherché à sortir des stéréotypes homme/femme, en inversant les rôles.
AVDB : Oui, contrairement aux comédies romantiques classiques, dans la collection « Coup de Foudre » de TF1, c’est la femme qui est au centre de l’histoire. Elle n’est pas passive, à attendre le prince charmant. C’est elle qui vit le plus de conflits. “Pretty Woman”, “Coup de foudre à Notting Hill”, “Quatre mariages et un enterrement”… à chaque fois le personnage qui évolue le plus, c’est l’homme. Ici, c’est surtout Laura, incarnée par Blandine Bellavoir, qui change, vit un réel parcours émotionnel, se remet en question pour s’ouvrir à l’amour.

Comment avez-vous justement abordé le genre de la comédie romantique ?

DR : On est très fan des anti-romcom, comme “You’re the Worst”, “Casual” ou encore “Catastrophe”. Ces séries ont renouvelé le genre et ouvert la voie pour des anti-héros, des couples atypiques, des personnages dysfonctionnels. Phoebe Waller-Bridge a été aussi une source d’inspiration pour créer une héroïne libre, assumant sa sexualité, à la fois anxieuse et émouvante.
AVDB : Dès la première scène, Laura plaque son mec du moment. On n’installe pas de triangle amoureux, mais la dynamique de nos deux héros va être perturbée par la présence d’un gamin de 12 ans assez insolent.
DR : On est d’ailleurs très contents du jeune comédien Gavril Dartevelle, la vedette des “Blagues à Toto”, qui apporte toute sa fraîcheur au personnage.

Comment écrit-on à quatre mains ? Pouvez-vous nous raconter une anecdote d’écriture ?

AVDB : Nous arrivons au tout début de l’aventure. À un stade où il y a juste des envies. À mesure que nous construisons l’intrigue et les personnages, la plus grande difficulté est d’accorder les imaginaires de tout le monde, les nôtres, ceux des producteurs, sans perdre de vue les contraintes du diffuseur. Ensuite, le réalisateur et les comédiens s’en emparent. À chaque étape on doit s’affranchir de la précédente, depuis le pitch jusqu’au montage.
DR : On s’est battus par exemple pour assumer que notre héroïne ne veut pas d’enfant, même si elle rencontre la bonne personne. Ou il a fallu défendre qu’un homme gentil peut être sexy. Ça paraît évident dit comme ça, mais l’inconscient collectif oppose encore gentillesse et « virilité », donc séduction.

Merci beaucoup !

Plus d’infos sur Coup de foudre à Bangkok diffusé lundi 16 novembre à 21h05 sur TF1 : http://www.agencelisearif.fr/coup-de-foudre-a-bangkok-sur-tf1-ecrit-par-alice-van-den-broek-et-david-robert/

Plus d’infos sur Alice VAN DEN BROEK :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/alice-van-den-broek/

Plus d’infos sur David ROBERT :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/david-robert/

 

 

Interview de Yoann Gromb

Yoann Gromb, vous êtes auteur et réalisateur pour le cinéma et la télévision depuis plus près de 20 ans, quel est votre parcours ? 

J’ai fais une école, l’ESEC qui me destinait plutôt à la production. Si mon ambition a toujours été le cinéma c’est d’abord à la télévision que j’ai commencé à travailler en tant que responsable du développement pour des émissions.

Qu’est-ce qui vous a emmené dans ces domaines ? Quelles ont été les rencontres décisives dans le développement de votre carrière ?

Ma rencontre avec Laurent Zeitoun a été déterminante. Il venait de créer une structure d’écriture, une sorte de pool de scénaristes qui plaçait des auteurs sur différents projets.
Il avait déjà un pied dans le cinéma, ensemble nous avons écrit plusieurs comédies. Le première était l’Arnacœur.

Vous avez notamment écrit le film « L’arnacœur », avec Laurent Zeitoun et Jeremy Doner, comment êtes-vous arrivé sur ce projet ?

Avec Laurent, on partage la passion de la comédie. On avait très envie de se lancer ensemble. On a jeté beaucoup d’idées à la poubelle avant que Laurent n’arrive avec le pitch de l’Arnacœur qui a mis tout le monde d’accord. 

Quels souvenirs gardez-vous de ce film, 10 ans après sa sortie en salle ?

Un réel plaisir d’écriture. La fierté d’entendre pour la première fois mes « mots » faire rire des salles entières. 

Avez-vous des projets en cours dont vous souhaiteriez nous parler ? Quels sont vos désirs pour l’avenir ?

Plusieurs projets de séries dont je ne peux pas encore parler mais qui j’espère me permettront de répondre à d’autres questions comme celles-là dans dix ans…

Merci !

Plus d’infos sur Yoann Gromb : http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/yoann-gromb/

Plus d’infos sur « L’Arnacœur » : http://www.agencelisearif.fr/larnacoeur-co-ecrit-par-yoann-gromb-sur-w9/

 

Interview n°2 Nicolas Mercier

Nicolas Mercier, vous êtes scénariste et réalisateur pour la télévision et le cinéma. Vous avez notamment co-écrit les deux épisodes pilotes de la série Dix pour cent, ainsi que son épisode final (l’épisode 6 de la 4e saison consacré à Jean Reno, qui sera diffusé mercredi 4 novembre sur France 2). Comment êtes-vous arrivé sur cette série ?

C’est Dominique Besnéhard qui m’a contacté il y a longtemps pour mettre en place la série initialement prévue pour Canal +, et écrire deux pilotes. Lorsqu’elle est arrivée sur France 2, j’avais commencé à travailler pour le cinéma pour Anne Fontaine, et je m’apprêtais à tourner mon propre film, donc je n’avais pas vraiment le temps de m’y consacrer. J’avais présenté Dominique Besnéhard à Harold Valentin qui est rentré dans la boucle pour la produire avec lui.

Vous avez donc participé à l’écriture du premier et du dernier épisode de cette série, est-ce un hasard ou bien était-ce important pour vous de clôturer une série que vous aviez initiée ?
Je n’ai pas vraiment co-écrit les deux premiers épisodes. J’avais écrit les deux premiers pilotes pour Canal+, et quand je suis parti tourner mon film, je les ai laissés à l’équipe d’auteurs pour les adapter au service public… En gros, pour Canal+ les personnages ne prenaient pas assez de coke, et pour France 2 ils en prenaient trop. Il y a eu un gros travail d’adaptation du projet initial pour arriver à la série actuelle, et beaucoup de gens ont travaillé sur chaque épisode. Pour le dernier épisode, il y a eu un problème avec le texte initialement prévu, et Harold et Dominique ont alors fait appel à moi pour l’écrire au dernier moment. J’ai eu très peu de temps pour le faire, une vingtaine de jours, car le tournage était déjà commencé, et il y avait pas mal de contraintes de décors. Mais c’était un challenge très excitant à relever, et l’idée d’ouvrir et de clore la série m’amusait beaucoup. Je trouvais ça en plus assez beau.

Avez-vous abordé l’écriture de ces épisodes de la même manière ? Votre processus d’écriture pour ces épisodes était-il le même ?
Non pas du tout. Pour la fin j’arrivais dans une série très en place, avec ses codes, auxquels j’ai du m’adapter. Je n’avais pas fait ça depuis très longtemps mais c’était très agréable, et j’étais heureux de relever le défi. J’étais obligé de suivre les arches déjà tracées, mais en gros on m’a laissé la liberté de les clore comme je voulais… Même si l’Agence était assez mal en point, donc au fond je n’avais pas non plus une marge de manœuvre énorme… Jusqu’au dernier moment il y a eu incertitude sur le guest, donc c’était assez particulier. J’ai préféré une sorte de mise en abîme naturelle, où la fin est le sujet, plutôt que relancer la machine artificiellement. D’où le ton un peu nostalgique et émotionnel du dernier épisode.

Vous avez également participé à l’écriture de la série Emily in Paris, diffusée depuis octobre sur Netflix. Vous faisiez partie de la writer’s room de Darren Star. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre rôle de consultant sur la série et sur cette expérience assez inédite pour un auteur français ?

C’était une expérience complètement dingue, qui m’a donné un aperçu assez précis de la différence de travail entre les français et les américains. Une différence de moyens déjà. Quand je suis arrivé dans la writer’s room à New-York, la série était déjà entièrement financée, avec juste quelques épisodes. Il a suffit que Darren lance l’idée pour que des millions de financement tombent je crois. Le travail était intense, 10h-18h, 5 jours par semaine sans pause repas, déjeuner dans la salle en travaillant, mais dans un environnement de confort et de luxe très américain. Je devais au départ rester deux semaines, mais Darren a prolongé mon séjour car même si je n’écrivais pas, je participais beaucoup à l’élaboration des épisodes et des idées de la série, tout en anglais, c’était vraiment fun. Je lui ai très vite fait remarquer que les clichés s’empilaient dans la série, et parfois même assez datés (plus personne ne fume dans les bureaux en France etc.), mais il assumait complètement de faire des choix par rapport au public : donner aux spectateurs tous les clichés qu’ils attendent sur la France et les français. En fait, même si je trouve la série assez marrante, une sorte chewing gum qu’on mâche et dont il ne reste pas grand chose une fois qu’on l’a recraché, on sent que la France et Paris fascinent toujours autant les américains, mais qu’ils sont incapables de les saisir vraiment dans leurs œuvres. Même Woody Allen s’y est cassé les dents. En ce qui concerne le travail, l’énorme différence est que ni diffuseur ni producteurs n’avaient vraiment leur mot à dire. Un show runner comme Darren est une star (sans jeu de mot), et c’est lui qui manœuvre. Le fait que Lily Collins était déjà été castée avant même l’écriture a aussi donné l’orientation du show. Star énorme chez les moins de 25 ans, la série était donc prévue comme hyper girly, glamour, et très jeune, en fait déjà très markettée. L’équipe de New-York était un peu folle et très créative (il y avait Ali Wailer qui a travaillé sur Love produite par Jude Appatow), et tout le monde venait de Los Angeles. Pendant le travail à New-York, toutes les bases de la série ont été posées, et tous les épisodes esquissés structurellement. Après la matrice créative, des auteurs qui travaillent beaucoup avec Darren, ses petits soldats d’écriture, ont tout repris et fait un boulot de story editing assez époustouflant. En gros, les américains mettent 4 mois à écrire une saison de 10 épisodes. Le format de 30 minutes aide, mais quand même, c’est très rapide comparé à la France. Travailler avec Darren, sans jamais avoir sur le dos ni chaine ni producteur, est très agréable, et malgré l’intensité du travail fourni, on s’amuse énormément. Mais Darren est très américain, car tout en étant adorable, c’est un homme d’affaire redoutable, obsédé par la jeunesse et le succès. Au final, cette expérience m’a fait réaliser à quel point j’aimais travailler en France, et travailler à New-York m’a fait aimer encore plus Paris. Nous avons beaucoup moins de moyens, mais on attache encore une certaine valeur à l’originalité et aux idées. Ce sont des choses que j’ai toujours eu envie de défendre, contre le marketing qui envahit peu à peu tous les domaines de créativité.

Avez-vous des projets en cours dont vous souhaiteriez nous parler ?

Après avoir exploré beaucoup de formats et beaucoup de genre, je travaille en ce moment sur plusieurs projets de série pour la télé, car c’est au fond ce que je préfère. Dans la série que je suis en train d’écrire, il y a un épisode sur une américaine noire de 45 ans qui revient vivre à Paris après son divorce. C’est un personnage plus âgé et plus réel que Lily Collins (mais ça ce n’est pas très dur), mais qui fait autant de selfies. Et j’aimais bien l’idée de traiter le même thème qu’Emily du côté français, et montrer qu’on peut quand même décrire Paris comme une ville romantique, sans forcément en faire un carte postale.

Merci !

Plus d’infos sur Nicolas Mercier : http://www.agencelisearif.fr/quatrieme-saison-de-dix-pour-cent-sur-france-2/

Plus d’infos sur la saison 4 de Dix pour cent : http://www.agencelisearif.fr/quatrieme-saison-de-dix-pour-cent-sur-france-2/

L’interview 1 de Nicolas Mercier : http://www.agencelisearif.fr/interview-de-nicolas-mercier/

Interview de Sébastien Perroy

Sébastien Perroy vous êtes réalisateur depuis plusieurs années, quel est votre parcours ? Qu’est-ce qui vous a emmené dans ce domaine ?

J’ai toujours voulu réaliser. J’ai grandi dans un univers éloigné des métiers du cinéma, mais en passant par une école de cinéma (ESRA), en travaillant dur et à différents postes, j’ai réussi à intégrer cette grande famille. 
J’ai pu travailler assez rapidement comme second – puis premier – assistant réalisateur, avant de devenir réalisateur de différents projets. 
Suite à une collaboration à succès sur « Demain nous appartient », on m’a confié les rênes d’une série en création, « Ici tout commence ».

Vous êtes réalisateur des séries « Demain nous appartient » et « Ici tout commence ». Vous avez participé à la création de cette dernière, dont la diffusion débute ce lundi sur TF1. Comment êtes-vous arrivé sur DNA ? Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre rôle dans la création d’ITC ? Comment s’est déroulé le tournage d’ITC ? Avez-vous une anecdote à nous faire part ?

J’ai débuté la réalisation de « Demain nous appartient » au printemps 2018, après avoir rencontré les producteurs. L’univers de la série, les comédiens, les équipes, les décors, tout m’a beaucoup plu. Je m’y suis senti bien et tout de suite intégré.
Il y a un an et demi, les producteurs (Sarah Farahmand et Vincent Meslet) m’ont parlé du projet naissant d’une série en Camargue et m’ont proposé de participer à la création de ce qui allait devenir « Ici tout commence ». Et c’est une période passionnante qui a débuté.
Depuis novembre 2019, je suis réalisateur créateur, avec Christophe Barraud. Jusqu’à juillet dernier, on a pu donner notre avis artistique sur la création des décors, des costumes, nous avons participé aux castings, et j’ai dirigé des call back (seconde vague de castings).
Puis le 24 juillet a enfin démarré le tournage ! Le premier clap a été un moment très émouvant, après tout le travail collectif qui avait été fait en préparation, les réunions, les moments d’incertitude liés au confinement du printemps.
Pour débuter l’aventure, j’avais pris le temps de constituer une équipe de tournage solide en qui j’avais pleine confiance.
En tant que réalisateur, sur le plateau il faut savoir favoriser le talent de chacun, faire preuve de bienveillance et de sérénité pour que ma mise en scène corresponde à ce que j’imagine.
Le tournage se passe très bien. Les deux premières semaines de tournage ont été assez exceptionnelles car il fallait faire découvrir une multitude de lieux, de personnages, puis on est entré assez vite dans le rythme de série quotidienne. Il est soutenu et demande à chacun beaucoup de concentration, mais l’ambiance est excellente et contribue à travailler dans les meilleurs conditions possibles, en ajoutant la beauté des décors (le château, son parc, les marais salants) et le climat très doux.
Réaliser une quotidienne est aussi une grande responsabilité vis à vis des messages qu’on fait passer à travers nos scènes, puisqu’elles touchent des millions de téléspectateurs. Et c’est une fierté d’apporter ma touche artistique dans le traitement de ces sujets.
« Ici tout commence » rassemble tous les ingrédients d’une bonne série : un scénario très varié et de grande qualité, des comédiens brillants et de jeunes talents révélés sur cette série, des décors magnifiques, ajoutez à ça une équipe de tournage optimale ! Réaliser  ITC est vraiment un privilège !

Y a-t-il d’autres projets sur lesquels vous travaillez actuellement, dont vous souhaiteriez nous parler ? Quels sont vos désirs pour l’avenir ?

Je suis passionné par l’univers de la fiction, sous ses différentes formes, séries, unitaires, long et court métrages, et je souhaite continuer à explorer, découvrir et y apporter ma contribution. En parallèle j’ai aussi des projets et envie d’écriture.

Merci !

Plus d’infos sur Sébastien Perroy :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/sebastien-perroy/

Plus d’infos sur « Ici tout commence » :
http://www.agencelisearif.fr/la-serie-ici-tout-commence-co-creee-par-sebastien-perroy-sur-tf1/

Interview n°2 de Pierre Isoard & Julien Guérif


Pierre Isoard, Roman Villedieu & Samuel Le Bihan.

Vous avez tous deux auteurs et réalisateurs, quel avait été votre parcours auparavant ? Qu’est-ce qui vous a emmené dans ce domaine ?
Pierre vient de la pub. Dix ans à travailler pour les marques les plus prestigieuses. Puis deux téléfilms, « À vos caisses » et « Les mauvaises têtes » qui reçurent un joli accueil critique et public. Et bien sûr la série « Alex Hugo » qu’il a lancé comme réalisateur et dont il écrit aujourd’hui avec Julien les épisodes qu’il tourne. Julien a écrit des romans noirs pour Syros et travaillé pour Ubisoft, notamment sur la série Assassin’s Creed, après des études de cinéma à USC, à Los Angeles. Lise a eu le nez creux en nous présentant. Notre association s’est faite naturellement car nous avons les mêmes sensibilités et la même passion pour des intrigues fortes et travaillées avec des personnages à la psychologie fouillée.

Lundi 26 octobre sera diffusé votre nouveau film, « T’en fais pas, j’suis là », une fiction sur l’autisme avec Samuel Le Bihan, réalisée par vous Pierre, et co-écrite par tous les deux. Comment est né ce projet ? Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le film ?
Nous avons noué avec Samuel une relation de confiance à la fois comme scénaristes et comme réalisateur en ce qui me concerne sur la série Alex Hugo. Samuel avait très envie de travailler avec nous sur d’autres projets et c’est tout naturellement qu’il s’est tourné vers nous lorsqu’il a eu envie d’un film sur l’autisme. On a tout de suite accepté le challenge car on savait que Samuel était très légitime pour ce genre de film, étant lui-même papa d’une petite fille autiste. Julien et moi comme scénaristes, moi à la réalisation et lui comme acteur principal, l’équipe Alex Hugo au complet, il y avait tout pour donner envie à la chaîne de nous suivre sur ce sujet difficile et un peu « casse gueule » . On les a convaincu immédiatement.

Vous avez collaboré à de nombreuses reprises avec Samuel Le Bihan, avec la série Alex Hugo et maintenant sur ce film. Comment s’est déroulé le tournage de « T’en fais pas, j’suis là » ? Vos rapports avec l’acteur étaient t-ils différents que sur « Alex Hugo » ?
Oui, ce tournage a intensifié notre relation de travail et notre amitié. C’était pour tous les deux un film à gros enjeu. Lui parce que cela parlait d’autisme, et que ce film revêtait une gande importance dans sa lutte pour faire bouger les choses, et moi parce que je devais guider mes acteurs dans des personnnages complexes et très difficile à incarner. Il y a avait mon jeune comédien de 12 ans (Roman Villedieu) qui devait jouer un enfant atteint d’autisme, ce qui m’a pris énormément d’attention et d’énergie, et Samuel, dont le personnage de père était à l’opposé du flic ténébreux des montagnes qu’il incarne dans les Alex Hugo et qui était très demandeur de direction.

Avez-vous une anecdote du tournage à nous faire part ?
Pas une annecdote de tournage mais de préparation. Pour préparer mon film j’ai rencontré beaucoup d’enfants atteints d’autisme, des éducateurs, des parents… Un jour, j’étais en observation dans un IME (institut médico éducatif). Un enfant non verbal travaillait avec son éducatrice. Il était très calme, très doux, il semblait fonctionner au ralenti. Au bout d’un moment, j’ai senti que je l’intriguais. Il s’est approché de moi, tranquillement, et m’a regardé un long moment sans rien dire. Et puis d’un coup, il m’a mis une énorme baffe. C’était très inattendu et surprenant. Des annecdotes comme celle-ci, j’en ai vécu plusieurs…

Y a-t-il d’autres projets sur lesquels vous travaillez actuellement, ensemble ou séparément, dont vous souhaiteriez nous parler ? Quels sont vos désirs pour l’avenir ?
J’adorerais travailler sur un 8X52. L’écrire avec Julien et le tourner. Développer des personnages sur 8h, cela fait très envie. Mais placer une série n’est pas facile.

Plus d’infos sur Julien Guérif :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/julien-guerif/

Plus d’infos sur Pierre Isoard :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/pierre-isoard/

Plus d’infos sur « T’en fais pas, j’suis là » :
http://www.agencelisearif.fr/ten-fais-pas-jsuis-la-le-nouveau-film-de-pierre-isoard-co-ecrit-avec-julien-guerif-sur-france-2/

Interview de Franck Thilliez & Niko Tackian

Franck Thilliez, vous êtes l’auteur d’une vingtaine de thrillers & polar, scénariste depuis plus de dix ans; Niko Tackian, vous êtes également scénariste, auteur de bandes dessinées, réalisateur et romancier. Qu’est-ce qui vous a amené dans ces domaines, quel a été votre parcours auparavant ?

F. Thilliez : J’étais ingénieur en informatique, autant dire que ça n’a rien à voir ! J’ai travaillé 10 ans en entreprise, à créer des programmes et gérer des bases de données, mais j’ai toujours accordé une grande partie de mon temps libre à regarder des films de genre. J’étais fasciné par les émotions, notamment celles de la peur qu’étaient capables de faire passer des auteurs ou des réalisateurs. A un moment donné, j’ai eu envie, moi aussi, de raconter mes propres histoires, et c’est de cette façon que je me suis mis à l’écriture. Ensuite, ce qui différencie une BD, d’un film ou d’un livre, c’est simplement la forme. Les histoires, elles, restent les mêmes…

N. Tackian : En ce qui me concerne, j’ai été journaliste (presse écrite) pendant quelques années avant de signer mes premiers album de BD. Mais avant cela, je faisais des études de droit en parallèle de l’école du Louvres ce qui revenait à me passionner pour la grande Histoire mais aussi l’histoire judiciaire… et puis encore avant, j’ai été biberonné aux jeux de rôles et aux films de genre, donc plongé dans un imaginaire dans lequel je me plais encore à farfouiller pour créer des histoires.

Vous avez créé ensemble la série Alex Hugo en 2015, qui s’est imposée aux fils des années comme l’une des fictions les plus populaires sur France Télévisions, comment êtes-vous arrivés sur ce projet ? Comment s’est passée votre rencontre ?

Le monde de l’audiovisuel étant petit, on s’était déjà croisés dans les couloirs de France 2, mais sans se connaître. Si mes souvenirs sont bons, on s’est retrouvés dans le bureau de Delphine Wautier, la productrice de la série, qui nous a demandé de lire le livre « La mort et la belle vie », de Richard Hugo, et de voir s’il y avait une possibilité d’adaptation française. L’histoire originelle se passe dans les années 70 dans le Montana, avec un flic poète, surnommé La Tendresse, qui mène des enquêtes « à la cool ». Il a fallu donc transposer tout l’univers dans nos montagnes, de nos jours. Avec Niko, on s’est immédiatement bien entendus, et les idées ont fusé ! Très vite, on s’est dit que mieux que l’adaptation d’un livre, on essaierait de travailler sur l’idée d’une série : des histoires policières dans un univers de montagne, avec des personnages forts qu’on aurait envie de retrouver d’un épisode à l’autre. Ça a été le début de notre longue collaboration !

Début septembre seront diffusés de nouveaux épisodes d’Alex Hugo, issus de la sixième saison de la série. Comment avez-vous abordé cette nouvelle saison ? Quels sont les nouveautés apportées par rapport aux saisons précédentes ?

F. Thilliez : On connaît bien le personnage d’Alex Hugo désormais, et c’est autour de lui qu’on développe nos intrigues. Ce qu’on veut, c’est qu’il soit impliqué dans des histoires très humaines, qui vont le toucher, lui faire mal parfois, et révéler chaque fois un peu de plus de qui il est réellement. Évidemment, il faut que la montagne reste un personnage principal, elle est au cœur de chaque épisode et des enquêtes.

N. Tackian :  Oui, comme le dit Franck, la particularité de cette série est de faire du polar en plein air, de flirter avec le western et de se jouer des codes. Ça parait simple comme ça mais ce n’est pas si facile… surtout que la série est en réalité une collection de films de 90mn et que nous en avons déjà écrit (avec l’aide d’autres scénaristes) une vingtaine…

Samuel Le Bihan (Alex HUGO)

Vous êtes tous les deux romanciers et scénaristes, vos processus d’écriture sont-ils différents, entre l’écriture d’un roman et l’écriture pour la télévision ?

F. Thilliez : Oui, c ‘est très différent en ce qui me concerne. Le roman, c ‘est la liberté absolu, pas de filtres, ni de contraintes, les seules limites sont celles de notre imagination. Et puis, c’est un travail solitaire. L’écriture pour la télé impose de travailler en groupe (production, chaîne, réalisateur), avec des contraintes de décors, de coûts, de public. On garde de la liberté, évidemment, mais cette liberté est enfermée dans une sphère d’où il ne faut pas sortir. Mais ce qui est jouissif, dans le scénario, c’est que c’est une écriture destinée à prendre vie, à être incarnée par des comédiens, dans de vrais décors.

N. Tackian :  Je suis absolument raccord avec Franck, lorsqu’on est scénariste, on s’inscrit dans une chaîne de production dont on est quasiment le premier maillon. Il faut savoir mettre son ego de côté aussi car sinon c’est compliqué…

Y a-t-il des projets sur lesquels vous travaillez actuellement, ensemble ou individuellement, dont vous souhaiteriez nous parler ? Quels sont vos désir pour l’avenir ?

F. Thilliez : De mon côté, je continue à travailler sur mes romans, la série BD « la brigade des cauchemars » pour la jeunesse, et avec Niko, on planche déjà sur un prochain Alex Hugo, car il faut toujours avoir un coup d’avance. Notre série Alex Hugo a déjà fait un bon bout de chemin, avec toujours plus de spectateurs. En ces temps un peu sombres, on a tous besoin des belles lumières et de l’air de la montagne, aussi, je pense que la série a encore un bel avenir devant elle !

N. Tackian : Comme Franck je bosse sur mon prochain roman ainsi qu’un projet d’adaptation de « la nuit n’est jamais complète », mon second roman. Et puis j’ai une série en cours pour une plateforme… ce sera un thriller médiéval emprunt de magie…

Merci à tous les deux !

Plus d’infos sur Franck Thilliez :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/franck-thilliez/

Plus d’infos sur Niko Tackian :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/niko-tackian/

Plus d’infos sur « Alex Hugo » saison 6 :
http://www.agencelisearif.fr/alex-hugo-saison-6-sur-france-2/

Interview d’Aurélie Belko

Vous êtes auteure pour la télévision depuis plus de dix ans, qu’est-ce qui vous a amenée dans ce domaine ? Quel a été votre parcours ?
Tout est une histoire de rencontres, de bons conseils, et de maturation. J’étais destinée à faire des études scientifiques avant de bifurquer vers le littéraire, j’ai très vite commencé à travailler en tant que rédactrice pendant mes années de licence et de maîtrise et j’ai aussi très vite éprouvé mes limites, les bureaux de comm, ce n’était pas pour moi…. A la fois téléphage/phile/vore depuis ma plus petit enfance (chez moi il y a avait plus de postes de télé que de personnes physiques), je réalise tard, à 25 ans, que scénariste télé, c’est un métier un vrai et qui s’apprend ! Et qu’une école le CEEA existe ! J’écris ma première bible, mon premier pilote, une sitcom alors qu’on demande un long métrage au concours. Je m’en fous, je viens de la fiction télé, je la regarde et je veux en faire et plus j’y réfléchis plus j’en suis convaincue. Ça marche, on m’accepte et depuis, je ne me suis jamais arrêtée et de travailler et d’apprendre !… 🙂

Vous venez d’adapter la série espagnole « Grand hôtel » avec Sébastien Le Délézir, diffusée sue TF1 à partir de jeudi 3 septembre. Comment avez-vous été amenée à travailler sur cette nouvelle série ? Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la série ?
Encore une histoire de rencontres, avec l’un des premiers producteurs qui m’a fait travailler dans le métier : Arnaud Figaret qui cherchait avec Paloma Martin di Prada une co auteur pour travailler avec Sébastien sur un … soap. Il savait pertinemment que c’est mon exercice favori. Je connaissais Seb mais n’avait jamais travaillé avec lui, ce fut encore une fois une vraie rencontre, aujourd’hui encore on se dit qu’on a fait la guerre ensemble :). La mission était un vrai pari, la série espagnole devait être adaptée en France et dans une version contemporaine. On a finit par tout mettre par terre de l’original et se recentrer sur ce qu’on voulait vraiment faire : une série punchy, un vrai soap de prime assumé. La série est totalement décomplexée, du pur guilty pleasure, ultra addictive et ludique autant qu’elle l’a été à faire (en si peu de temps ! ) Les comédiens sont au top et le réalisateur Jérémy Minui a fait un boulot incroyable ! Honnêtement, j’ai beau la connaître par coeur, j’ai moi-même bingé la première saison.

Y a-t-il des projets sur lesquels vous travaillez actuellement dont vous souhaiteriez nous parler ? Quels sont vos désirs pour l’avenir ?
On travaille déjà sur la saison 2 de Grand Hôtel, et je reste dialoguiste sur Ici tout commence, le spin off de Demain nous appartient. Je développe comme tout le monde, d’autres projets persos, dont un soap avec héros jeunes adultes qui se déroule dans les 90’s sur fond de déterminisme… et de musique. Bref, j’ai toujours envie de plus de soap, mais le soap est définitivement partout, alors je n m’inquiète pas ! 🙂

Merci Aurélie !

Plus d’infos sur Aurélie Belko :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/aurelie-belko/

Plus d’infos sur « Grand Hôtel » :
http://www.agencelisearif.fr/grand-hotel-nouvelle-serie-sur-tf1-co-ecrite-par-aurelie-belko/

Interview de Catherine Siguret

Vous êtes l’auteur d’une soixantaine de livres, en nom propre ou co-signés, également scénariste pour la télévision depuis 2016. Quel a été votre parcours ?
J’ai eu un parcours littéraire d’ultra-classique, hypokhâgne puis deux khâgnes au Lycée Louis le Grand, philo-latin-grec, avant un DEA de philosophie, ce qui prouve que ça mène à tout ! Je ne plaisante pas, dans la mesure où l’on apprend à travailler énormément, résoudre les problèmes et non en soulever, ne pas se laisser déconcentrer dans un contexte où l’on vous fait plus volontiers des critiques négatives que des compliments, côtoyer des gens brillants et en faire des modèles et non des rivaux, etc. Ça aide à l’avenir dans les relations au producteur (comme à l’éditeur). Quand je rencontre un problème dans mon scénario, j’estime que c’est le mien, et pas le sien, j’écoute avec une attention infinie son attente, en estimant qu’il sait de quoi il parle et que « le client est roi », et je tente d’y coller en sachant que rien ne résiste au travail, j’ai appris à être concrète, efficace… et silencieuse, en dehors du dialogue nécessaire pour bien se comprendre. Peut-être que cette habitude vient aussi de l’empathie qui a guidé toute ma vie professionnelle : j’ai commencé en cherchant les témoins de plateau pour Bas les masques, Sans aucun doute où j’ai fait des années d’antenne et de reportages, Zone interdite, puis Ciel mon mardi ou Y a pas photo dont je suis devenue rédactrice en chef, mais toujours dévolue aux témoignages. J’ai recueilli la parole de plusieurs milliers d’humains (et je continue à le faire), et c’est pour ne pas qu’elles s’envolent qu’en parallèle, je n’ai pas cessé d’écrire les biographies des autres, encore aujourd’hui, quand je rencontre. Et comme je cherche, je rencontre. Ça aide pour la psychologie des personnages, d’autant plus que j’ai fait pas mal de livres de psys, les connaissances sur des milieux opaques (judiciaires, médicaux, etc.) comme pour la vraisemblance des dialogues. J’écoute, j’écris, peu importe mon support, finalement, ce qui m’importe, c’est regarder ou inventer la vie des autres comme elle va.

Comment avez-vous été emmenée à travailler pour la télévision ? Quelles ont été les rencontres décisives dans le développement de votre carrière ?
J’ai travaillé à 23 ans pour la télévision en non fiction, jusqu’à 30 ans, avec des mini rechutes. Mais en fiction, on me conseillait d’en écrire depuis des années sans se rendre compte qu’il faut un début, des connaissances techniques, un savoir que je n’avais pas le temps d’acquérir vu mon rythme de travail. Un scénario est très très différent d’un livre, pas aux antipodes mais presque. Je dois tout (le pied à l’étrier) à la rencontre de Stéphane Kaminka, scénariste devenu également producteur, de cette série. Quelques années avant le démarrage du travail, il avait voulu adapter Enfin nue, un livre où je racontais mon amour du métier de nègre (je maintiens ce terme qui n’a jamais autant plu qu’à l’un de mes protégés noirs qui m’appelait dans la foulée « ma cousine », aucun racisme là-dedans, je travaille dans l’ombre, dans le noir, comme les photographes). Il m’avait demandé pourquoi je n’étais pas scénariste… Bref, les mois ou années ont passé, avec un lien maintenu via les réseaux sociaux, et il a eu un jour besoin de faire le dossier de présentation à la chaîne dans des délais… on va dire très très courts ! J’adore les défis sportifs. Donc j’ai dit oui. Et un jour, un ou deux ans plus tard, il m’appelle, j’étais ravie d’un coup de fil amical… mais m’annonce que la série étant achetée, il trouvait naturel que je travaille dessus, avec d’autres bien sûr. A vrai dire, ce « naturel » ressemble tout de même à la classe, il n’en avait jamais évoqué la possibilité. J’ai même mis deux secondes à réaliser de quoi il me parlait, je croyais l’affaire enterrée depuis longtemps ! Juste derrière, j’ai acheté des guides de scénaristes par dizaines, lu des scénarios, parlé à des scénaristes, en formation accélérée. La série a été écrite en équipe, sous sa direction surtout, ce qui m’a permis d’apprendre sur le tas, de commencer d’apprendre puisqu’on apprend tous les jours.
La suite, je la dois à mon agent, Lise Arif, sur qui m’a orientée Stéphane Kaminka puisque je n’avais pas d’agent. Immédiatement, le contact a été fluide, rapide, efficace, et au-delà des synopsis que j’initiais, qu’elle orientait vers différents producteurs (en détectant les bonnes personnes pour chaque univers), elle a su aussi parler de moi à des producteurs avec qui elle estimait que j’avais quelque chose à faire parce que nous avions des centres d’intérêt sociétaux communs, des méthodes et une sensibilité communes. Elle m’apprend à creuser ou renoncer, chercher, inventer, et elle me donne « la foi » ! Je n’ai pas besoin de beaucoup de dialogues et je me manifeste peu, mais j’ai besoin de savoir que « quelqu’un m’attend quelque part » pour créer des synopsis ex nihilo, ce qui est en soi une folie. Les talents pullulent, les bonnes idées aussi.
Je dois aussi beaucoup à Frédérique Gore qui m’a présentée à Aline Besson (Authentic prod), productrice avec qui travailler est un bonheur, au point que nous avons deux projets en cours de lecture dans les chaînes.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la série « Au-delà des apparences » que vous avez co-écrite ?
J’ai aimé le réalisme de la série, qui montre une héroïne flamboyante très « show off », mais au cœur et à la vie au fond assez pauvres, et sa jumelle qui mène une vie en apparence sans relief mais cache une vie secrète ahurissante et un cœur de volcan ! Les six épisodes détricotent quarante ans de mensonges et dissimulations, où l’on s’aperçoit de ce qui est fréquent chez l’humain : ils s’appliquent à interpréter le rôle qu’on leur a collé, ou qu’ils se sont inventé, aux antipodes de leurs vraies aspirations ou qualités. Et le temps passant, ils s’y enferment, jusqu’au moment où un événement tragique les contraint à se regarder en face, à s’écouter. Le climat, rendu par la réalisation magistrale d’Eric Woreth, est initialement d’une terrible lourdeur, et au fur et à mesure que des pans de vérité tombent comme du papier-peint, l’histoire de cette famille aux identités bricolées devient plus lumineuse, promise à la lumière en tout cas.

Y a-t-il des projets sur lesquels vous travaillez actuellement dont vous souhaiteriez nous parler ? Quels sont vos désirs pour l’avenir ?
J’ai trois projets auxquels je tiens, une série pas inspirée d’une histoire vraie (pour une fois), touchant à l’agriculture, parce que je suis née dans les champs et archi solidaire des agriculteurs, grands oubliés du système social français alors qu’ils triment comme personne, sans droits ou presque (Authentic prod), et deux racontant l’histoire vraie de personnes formidables. Un unitaire avec pour héroïne la fille du premier mort reconnu lié aux algues vertes bretonnes, neuf ans de combat judiciaire ! Carolanne Morfoisse (Authentic prod), un autre unitaire avec pour héros la fratrie le Goff, qui s’est vu réclamer de payer pour l’EHPAD de leur père trente ans après qu’il a tué leur mère de deux coups de carabine (Kam & Ka productions). Telle est la loi actuellement, qu’elles cherchent à faire changer… moi aussi ! Comme pour les algues vertes, j’aime quand il y a un combat d’utilité publique, quand on peut espérer par la fiction réparer un peu le monde, même si ce n’est qu’une goutte d’eau.

Plus d’infos sur Catherine Siguret :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/catherine-siguret/

Plus d’infos de la série « Au-delà des apparences » :
http://www.agencelisearif.fr/au-dela-des-apparences-la-mini-serie-co-ecrite-par-catherine-siguret-rediffusee-sur-france-3/

 

Interview de Lucas Marchesi & Morgann Martin


Lucas Marchesi & Morgann Martin

Vous êtes tous les deux auteurs pour la télévision et le cinéma, depuis trois ans, quel a été votre parcours auparavant ? Qu’est-ce qui vous a amenés dans ce domaine ?

Morgann : J’ai longtemps oscillé entre plusieurs métiers de l’audiovisuel (prise de son, réalisation, production) avant de réaliser que l’écriture m’animait plus que tout.
Lucas : Après des études d’histoire de l’art à l’École du Louvre, je me suis orienté vers le cinéma. Deux années d’errance à Bruxelles dans des écoles de cinéma m’ont permis de comprendre que le scénario était ce que je préférais dans la fabrication d’un film.

Vous collaborez très souvent ensemble, vous avez notamment co-écrit un épisode de la collection « Crimes parfaits » diffusé sur France 3 mardi 30 juin et qui a rassemblé plus de 4,7 millions de téléspectateurs (22,6 de PdA, bravo !). Comment s’est passée votre rencontre ? C’est important pour vous de travailler en binôme ?

Nous nous sommes rencontrés au CEEA. C’est là que nous avons commencé à écrire ensemble et à nous disputer. On a fini par y prendre goût, et on a décidé de continuer. 
 
Écrire en binôme est important pour nous. On trouve à deux aussi bien un certain confort qu’un inconfort nécessaire. On s’enrichit ainsi des expériences de l’autre, et des multiples remises en question induites par l’écriture à deux.

Comment avez-vous été amenés à travailler sur la collection « Crimes parfaits » ? Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’épisode ? Avez-vous une anecdote à nous raconter ?

Une amie de notre promotion nous a proposés d’écrire des pitchs pour la collection. L’un des deux a plu à la chaîne. Dans cet épisode, il est question de la sécurité privée. Cela nous a donné l’envie de creuser le sujet, et de lui consacrer une fiction, que nous sommes en train de développer.

Y a-t-il d’autres projets sur lesquels vous travaillez actuellement, ensemble ou séparément, que vous souhaiteriez nous partager ?

Outre ce thriller sur la sécurité privée, nous avons écrit un film sur un lanceur d’alerte et cherchons un réalisateur qui pourrait être intéressé. Par ailleurs, nous réfléchissons à un polar TV qui a pour particularité de s’ancrer dans l’univers du paranormal.

Plus d’infos sur Lucas Marchesi :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/lucas-marchesi/

Plus d’infos sur Morgann Martin :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/morgann-martin/

Plus d’infos sur l’épisode de « Crimes parfaits » :
https://www.agencelisearif.fr/crimes-parfaits-en-tete-des-audiences-mardi-30-juin-sur-france-3/

Interview de Jean Chavot & Eric Rognard


Jean Chavot & Eric Rognard

Jean Chavot, vous êtes auteur pour la télévision et le cinéma, vous êtes aussi l’auteur de plusieurs livres dont « Zéro avant Jesus-Christ » paru cette année aux Editions Conférences. Eric Rognard pour êtes réalisateur et auteur pour la télévision et le cinéma. Qu’est-ce qui vous a amenés dans ces domaines ? Quel a été votre parcours auparavant ?

J. Chavot : La passion de l’écriture et de l’image a pris le dessus au fil du temps sur mon travail de musicien et d’auteur de chansons. J’ai parallèlement à celui-ci réalisé l’adaptation de nombreux dialogues pour le doublage, jusqu’il y a une dizaine d’années. Murielle Magellan avec qui je commençais à collaborer à des projets de scénario m’a alors présenté à Lise Arif qui m’a très gentiment accueilli dans son équipe. J’ai pu alors renouer avec la première de mes passions qui était le cinéma. Dès lors, mon activité d’écriture s’est appliquée au scénario tout en se développant de plus en plus sur le plan littéraire pur.

E. Rognard : Diplomé de l’ESRA, (Ecole Supérieure de Réalisation Audiovisuelle), j’ai commencé à travailler comme assistant-réalisateur et régisseur sur des films publicitaires et long-métrage. En parallèle, j’avais lancé avec des amis une radio locale en région lyonnaise, H2Ondes, une radio rock et fluide ! Assez rapidement, les projets de films courts puis long-métrages que j’ai développés m’ont amené à devenir scénariste en écrivant aussi pour la télévision et le théâtre.

Vous avez écrit ensemble « Meurtre à Étretat », un épisode de la collection « Meurtres à… » de France 3, qui lors de sa première diffusion en 2015 avait réuni plus de 4,1 millions de téléspectateurs (17,9%de PdA). Comment s’est passée votre rencontre ? C’est important pour vous de travailler en binôme ?

J. Chavot : Marie-Hélène Pagès, productrice de Meurtres à Étretat et amoureuse de la région cherchait à monter un binôme pour son projet de film. Lise a eu l’excellente intuition de lui proposer Eric Rognard et moi, qui ne nous étions jamais rencontrés. Nous avons fait connaissance le jour du premier rendez-vous avec Marie-Hélène, à la terrasse d’un café, une demi-heure avant son arrivée. J’ai commencé par renverser son verre sur le pantalon d’Éric… Mais il ne m’en a pas tenu rigueur, car nous étions tous les deux intimidés (moi, en tout cas). Et oui, c’est très important pour moi de travailler en binôme avec lui, car au-delà de ma gaucherie avec les verres, il m’a énormément aidé à résoudre certaines maladresses dans ma pratique du scénario. Cela d’autant mieux que nous nous sommes parfaitement entendus, tant sur le travail lui-même que sur l’approche générale de la vie et du monde. C’est donc un régal de collaborer avec lui, car l’échange est toujours harmonieux et fructueux, dans une complémentarité sans concessions et pourtant toujours fluide et amicale. Je crois par ailleurs que le scénario se prête naturellement — peut-être même obligatoirement — à la collaboration, car le rapprochement des points de vue est propice à faire naître les meilleures idées, comme le frottement de deux silex produit des étincelles. À condition d’avoir des visions et des exigences communes, ce qui est bien le cas avec Eric.

E. Rognard : C’est Lise qui a eu l’idée de nous faire nous rencontrer. La productrice Marie-Hélène Pagès cherchait des auteurs pour développer un « Meurtres à…» qui devait se passer à Étretat et je connaissais assez bien ce lieu. Travailler en binôme est stimulant, une émulation créative s’installe, on rebondit mutuellemement sur les idées de l’un et l’autre, mais la qualité de la relation humaine est avant tout primordiale pour moi.

Comment êtes-vous arrivés sur ce projet de la collection « Meurtres à Étretat » ? Avez-vous une anecdote à nous raconter ?

J. Chavot : Les réponses à ces questions se trouvent dans ma réponse précédente… Pour l’anecdote, je vais la voler à Éric : comme il habitait dans la Drôme, nous travaillions souvent au téléphone, dans de longues conversations. Son entourage avait beaucoup de mal à considérer que nous travaillions, me dit-il un jour. Et pourquoi ça, lui demandai-je étonné. Eh bien parce qu’il paraît qu’on rigole tout le temps, me répondit-il… en riant. Et je me suis rendu compte que c’était la pure vérité. Mais qu’on ne s’y trompe pas : nous travaillions, beaucoup, et très concentrés. 

Y a-t-il des projets sur lesquels vous travaillez actuellement, ensemble ou séparément, que vous souhaiteriez nous partager ?

J. Chavot : Nous n’avons jamais cessé depuis de collaborer, à des projets communs bien sûr, mais aussi à échanger en profondeur sur nos projets respectifs que nous suivons attentivement. Nous avons ainsi écrit deux polars en milieu rural : Le Diable a bon dos qui entremêle trafic d’animaux de réforme et sorcellerie paysanne dans le Berry, et Pour un coin de terre, en montagne, où la tension entre l’élevage et le tourisme fait exploser des secrets familiaux meurtriers. De mon côté, je présente un projet de série, Ararat 2084 où un geek bohème et une éternelle étudiante sauvent le monde de la catastrophe écologique, et un synopsis de film policier, Tchemni, où l’enquête rapproche une jeune gendarme humaniste et un vétérinaire animaliste dans le Nord-Est défavorisé. Côté littérature, je travaille à un nouveau roman tout en traduisant Il Giorno del giudizio, de Salvatore Satta.

E. Rognard : Avec Jean, nous avons en projet un polar rural  et un polar explorant l’univers de la sorcellerie contemporaine.
De mon côté, je suis en train de terminer « Mon Fils », un scénario de long-métrage pour le cinéma que je co-écris avec le réalisateur Charles Grammar (son premier long-métrage), récit du combat d’une mère se battant pour sauver son fils de la schizophrénie.

Plus d’infos sur Jean Chavot :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/jean-chavot/

Plus d’infos sur Eric Rognard :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/eric-rognard/

Plus d’infos sur « Meurtres à Etretat » :
http://www.agencelisearif.fr/rediffusion-de-meurtres-a-etretat-sur-france-3/

Interview de Nicolas Mercier

Vous êtes auteur et réalisateur, pour la télévision et le cinéma, depuis plus de 20 ans. Quel a été votre parcours auparavant ? Qu’est-ce qui vous a amené dans ce domaine ?
Je suis parti un an aux USA après mon bac, envoyé par mes parents pour être bilingue. Puis j’ai fait Lettres Modernes à La Sorbonne, même si je n’ai jamais songé à être prof. En fait j’étais plus intéressé par ma première grande histoire d’amour que par mes études. En licence je me suis rendu compte que la fac en mènerait à rien pour moi, j’ai passé le concours d’entrée en 2ème année à Science-Po (une tannée pour faire plaisir à mon père)… beaucoup de travail car j’avais eu 3/20 en histoire au bac. Mon compagnon à l’époque, producteur de documentaires sur l’art, m’a conseillé de passer aussi celui de la FEMIS avec des arguments de choc : vu mon imagination parfois débordante, mon goût pour le farniente et la fête entrecoupés de moment où je me mettais à réviser toute la nuit, il m’a assuré que scénariste serait un métier parfait pour moi. Comparé à Science-Po, le concours était du pur plaisir. J’ai eu le choix entre les deux et ai donc préféré ce qui me demandait le moins d’effort contre-nature : inventer des histoires.

Vous avez écrit et réalisé « Grand départ », une comédie dramatique qui met en scène deux frères (Pio Marmai et Jérémie Elkaïm) en concurrence, confrontés à la folie neurodégénérative de leur père (Eddy Mitchell). D’où vous est venue l’idée du scénario ?
Elle m’est venue de ce que j’ai vécu avant la mort de mon père, de la même maladie décrite dans le film. Mais le côté autobiographique ne m’intéressait pas. Sauf pour des détails hilarants au milieu du drame (la scène du choix du cercueil, la vieille dame qui mange des carte postales à la maison de retraite etc.). En fait je trouvais le personnage de mon frère plus intéressant que moi, ce fils qui a tout fait comme il faut et a plus de problèmes que son frère aîné homo avec son père. J’ai trouvé la façon dont la maladie a permis à mon frère de se rapprocher de notre père avant sa mort très émouvante, et ai décidé d’adopter son point de vue pour le film. La fiction sert aussi à ça, sortir de sa propre histoire pour trouver un autre angle, un autre point de vue sur la réalité.

Il s’agit de votre première réalisation, qu’est-ce qui vous a incité à sauter le pas, votre carrière étant jusque-là consacrée à l’écriture ?
C’est mon travail de scénariste avec Anne Fontaine qui m’a décidé. J’ai adoré cette expérience avec elle, même si je me suis toujours senti plus proche de la télé. En l’observant, j’ai découvert beaucoup de choses, ou me suis rappelé des choses que j’avais étudiées à la FEMIS. Je crois surtout que je commençais un peu à m’ennuyer en tant que scénariste. J’avais fait à peu près tout ce qu’il est possible de faire dans ce domaine après le cinéma, en passant par la sitcom, d’access ou pour canal+, au soap à Sous le Soleil aux téléfilms, originaux ou adaptation, et bien sûr après avoir été un pionnier de la série contemporaine avec Clara Sheller. Et scénariste de cinéma m’a à la fois beaucoup plu, mais en même temps frustré. J’avais l’impression d’être un secrétaire de luxe, car au fond seul le réalisateur est le créateur. A la télé, c’est le scénariste de la série le créateur. J’ai voulu réaliser pour être plus fidèle à ce que je suis. Même si j’ai aimé mettre mon imaginaire au service d’une réalisatrice, je suis profondément trop libre et indépendant pour que ça me convienne parfaitement.

Quels souvenirs avez vous du tournage, avez-vous une anecdote à nous raconter ?
C’était à la fois très excitant et exténuant. Je crois qu’au bout d’un mois j’en avais marre de me lever le matin pour aller sur le plateau. J’ai construit ma vie pour rester en pyjama à travailler jusqu’à midi, donc quand le réveil sonnait, je me demandais vraiment ce qui m’avait pris. Par contre j’adorais tourner la nuit. Je me sentais décalé et dans mon élément. J’ai beaucoup aimé l’équipe aussi, tout en sentant que c’était très fort un peu comme pendant un amour de vacances en colo, très important sur le moment, mais qu’il ne resterait pas grand chose d’un point de vue humain après. J’ai beaucoup aimé le travail avec les acteurs aussi, tous différents, et à diriger chacun de façons différentes. Même le côté technique n’était pas si rébarbatif. A la Femis je me suis évanoui le premier jour de tournage de mon court métrage de première année. Là j’étais content d’avoir tenu le coup. Mais c’est un rôle beaucoup plus dur que celui de scénariste, où on peut se la couler douce tout en travaillant. Une combinaison pour laquelle je suis parfaitement programmé.

Y a-t-il des projets sur lesquels vous travaillez actuellement dont vous souhaiteriez nous parler ? Quels sont vos désirs pour l’avenir ?
L’année dernière je suis parti à New-York travailler avec Darren Star, le créateur de Sex and the City, Melrose place etc.… pour faire partie de la writer’s room de sa série Emily in Paris. C’était assez merveilleux, une expérience incroyable pour un auteur français (sans parler des conditions de travail hollywoodiennes) et ça m’a fait réaliser à quel point j’aimais profondément la série, et comme j’étais fait pour ça, avec un panel d’expériences si variées que peu de scénaristes ont en France. J’ai donc décidé de m’y remettre vraiment, en explorant d’autres formes de genre. J’ai donc fait beaucoup de développement et lancé plusieurs projets de série depuis. Je me suis aussi rendu compte, malgré ma très bonne entente avec Darren et ma participation active à l’élaboration des épisodes de la série, que la France est vraiment le pays où j’aime travailler. C’est plus difficile matériellement, car quand les américains entrent en écriture les budgets et moyens sont faramineux, surtout avec un show runner comme Darren, mais je trouve les contraintes parfois plus stimulantes. J’ai un esprit très libre et très français. Je suis revenu aux sources de qui je suis car je travaille en ce moment sur un projet de série sur le désordre amoureux, chez les 40-50 ans, dans la lignée de Clara Sheller mais avec des personnages plus adultes, et donc parfois encore plus décalés. La sexualité y tient une grande place, mais j’essaye d’éviter tous les écueils qui viennent souvent des états-unis, où les créateurs de série pensent que la liberté de ton vient du fait d’être cru et de parler de sexe de façon très technique, presque matérialiste. J’ai une autre conception de la chose. Au fond je n’aime que l’émotion, l’impertinence, la désinvolture et surtout l’élégance. Je n’ai aucun plan à long terme, car je veux rester libre d’aller là où sont mon mon plaisir et mon désirs. Avec l’entente développée au cours de ma carrière avec quelques producteurs à qui je reste fidèle et qui me soutiennent toujours à 100%, ce sont mes seuls moteurs professionnels.

Plus d’infos sur Nicolas Mercier :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/nicolas-mercier/

Interview de David d’Aquaro

Vous êtes auteur et réalisateur, pour la télévision et le cinéma, vous écrivez également pour le théâtre. Qu’est-ce qui vous a amené dans ce domaine, quel a été votre parcours auparavant ?
Ça pourrait facilement être considéré comme un défaut, j’ai toujours trouvé le monde imaginé plus séduisant que le monde réel. Ça m’a conduit d’abord sur les plateaux de cinéma et de Théâtre comme régisseur, éclairagiste, accessoiriste, décorateur, réalisateur, avant de m’emparer de la vraie baguette magique, celle du dramaturge.

Vous êtes l’auteur des téléfilms « Les mystères de la basilique et « les mystères de l’île » comment êtes-vous arrivé sur ces projets ? Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ces scénarios ?
J’ai appris à écrire des scénarios à 40 ans. Après quelques longues années de confrontation au réel, les producteurs Antoine du Vivier et Sylvette Frydman m’ont donné ma chance en m’offrant de démarrer ce qui est devenu une collection de polars régionaux sur France 3.

Quel est votre processus d’écriture ? Est-il le même pour ces 2 téléfilms « Les mystères de » ?
Je démarre d’une thématique qui me touche, puis je développe une galaxie de personnages qui portera cette thématique dans toute sa diversité et sa complexité. J’imagine pour eux un environnement suffisamment riche pour nourrir leur comportements, leurs trajectoires, en veillant à conserver la cohérence de l’ensemble avec la thématique choisie. L’intrigue n’arrive qu’après. Construite comme un jeu de piste, elle est là pour révéler et accompagner les différentes problématiques de mes personnages.

Y a-t-il d’autres projets sur lesquels vous travaillez actuellement dont vous souhaiteriez nous parler ? Quels sont vos désirs pour l’avenir ?
Je m’apprête à signer un très beau projet de mini série sur un combat de femmes victimes de violences sexuelles. Un sujet difficile que je porte depuis plusieurs années déjà. Quant à la suite, je reste à l’écoute ; plus les gens vivent des choses difficiles, plus ils ont besoin d’histoires.

Plus d’infos sur David d’Aquaro :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/david-d-aquaro/

Plus d’infos sur « Les mystères de la basilique » et « Les mystères de l’île » :
http://www.agencelisearif.fr/les-mysteres-de-la-basilique-les-mysteres-de-lile-de-david-daquaro-sur-france-3/

crédit photo Pierre Planchenault

Interview n°2 de Sophie Loubière

Vous venez de recevoir le Prix Landerneau Polar 2020 pour « Cinq cartes brûlées », un thriller glaçant écrit à partir de faits réels, sur la manipulation, l’humiliation et les violences faites aux femmes. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre roman ?

J’ai choisi d’aborder l’univers de Laurence Graissac, une jeune femme au parcours jalonné d’addictions (le jeu, la nourriture, le sexe), inspiré d’une véritable affaire criminelle dans laquelle «proie» et «chasseur» ne sont pas forcément ceux que l’on croit. J’évoque aussi la problématique de l’obésité, de la transformation du corps de la femme au cours d’une vie et de son instrumentalisation depuis l’enfance. « Pour les autres, l’important, c’est ce qu’ils font de nous, pas ce que nous sommes. Ce que tu fais de moi n’est pas ce que je suis » est une phrase clé du livre. Et vous avez raison : la manipulation est au cœur de l’intrigue et de la construction narrative. C’est une partie de carte qui se joue contre le lecteur, lequel se fait berner de bout en bout.

Romancière mais aussi journaliste, est-ce que cette double casquette impacte votre processus d’écriture ?

Bien que je n’exerce plus le métier de journaliste, j’en ai conservé la rigueur et la curiosité. De mon point de vue, un romancier doit s’assurer de la fiabilité de ses sources et n’aborder un sujet que s’il le maîtrise. Cela demande beaucoup de préparation, de recherche, de documentation, d’interview. Le tout est de trouver le bon dosage pour ne pas faire d’un roman un ouvrage scientifique ou technique, ne pas noyer le lecteur sous une pluie de détails inutiles ou de termes spécialisés visant surtout à montrer que l’auteur « maîtrise » son sujet. Ce matériaux accumulé tout au long du processus d’écriture (photos, documents, notes sur les personnages et le décor…), j’ai pris l’habitude de le compiler dans un blog (https://5cartesbrulees.blogspot.com/) , une sorte de making-of dédié au roman. Sans doute est-ce là, dans ce souci de donner accès au procédé de fabrication du livre au lecteur, que mes deux métiers se rejoignent.

Vous travaillez également à la création d’une série policière télévision, « N7 ». Comment passe-t’on de l’écriture d’un roman à l’écriture d’une série pour la télévision ? Selon vous y a-t-il des différences fondamentales dans les processus d’écriture ?

« N7 » est un sujet original que j’ai proposé à Stéphane Kaminka lequel cherchait une série polar feuilletonnante. Le précédé est radicalement différent : dans l’écriture romanesque, on rédige en se laissant la possibilité de se laisser surprendre, influencer par les personnages et les situations. Au fil de l’écriture, on peut à tout moment décider de modifier la fin et même, de reprendre toute la structure. C’est un procédé très créatif que de se surprendre soi-même en prenant un chemin insoupçonné. Pour une série TV, l’obligation de créer une bible et de rédiger les synopsis de chaque épisode coupe toute possibilité d’exploration parallèle. C’est un peu comme partir d’un plan pour construire une maison dont on sait déjà où seront les portes, les fenêtres, comment seront distribuées les pièces et de quelle couleur sera le papier-peint. C’est une autre façon de faire. Il y a un temps de maturation du projet un peu plus long en amont à prévoir. Une fois ce stade passé, mon écriture étant influencée depuis toujours par l’image, le montage cut et le son, je déroule l’écriture comme une bobine de film.

Y a-t-il des projets sur lesquels vous travaillez actuellement dont vous souhaiteriez nous parler ? Quels sont vos désirs pour l’avenir ?

Catherine Deneuve avait donné son accord voilà trois ans pour tenir le rôle principal dans l’adaptation cinématographique de mon roman L’enfant aux cailloux. Le projet n’a pas abouti mais cela reste un rôle exceptionnel pour elle et une magnifique idée… Cinq cartes brûlées est actuellement en lecture dans une boîte de production pour une adaptation TV. Le rôle principal serait un sacré défi pour une jeune actrice. Et le Cantal, la petite ville thermale de Chaudes-Aigues, sont un décor magnifique pour le film. A la mesure de nos silences, lequel se déroule dans l’Aveyron et révèle un fait unique dans l’Histoire de la seconde guerre mondiale (la mutinerie d’une division de jeune SS) serait aussi un sujet fort à adapter pour la télévision ou le cinéma et dans le premier rôle William Hurt.

Plus d’infos sur Sophie Loubière :
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/sophie-loubiere/

Découvrez l’interview n°1 de Sophie Loubière :
http://www.agencelisearif.fr/interview-de-sophie-loubiere/