Mélusine Laura Raynaud, vous êtes autrice pour la télévision, le cinéma et le théâtre, vous avez notamment écrit des épisodes des séries SKAM, La faute à Rousseau et plus récemment Germinal, actuellement en diffusion sur France 2. Quel est votre parcours ? Qu’est-ce qui vous a amenée à l’écriture ?
J’ai fait des études littéraires, une hypokhâgne. Mais j’ai surtout grandi dans des écoles de danse et de théâtre dès la toute petite enfance (j’ai passé des tonnes de week-ends en répétition dans des théâtres). Après le bac j’ai intégré le Cours Florent, j’ai été un temps comédienne et pendant plusieurs années metteur en scène pour une compagnie d’enfants et d’ados acteurs à Belleville et au Val-Fourré à Mantes La Jolie (Cie Tamérantong!). En parallèle j’étais journaliste (en presse magazine) et radio (FG, Radio Nova). Bizarrement enfant, je n’écrivais pas, je n’ai jamais été du genre à tenir un journal. J’adorais les rédactions sauf quand mes envolées lyriques étaient refroidies par une prof coincée : « ne prenez pas vos vessies pour des lanternes »:) Paradoxalement, c’est la radio qui m’a poussée à écrire de la fiction. Je me suis « trouvée » et je suis née à Nova, grâce à des gens comme Jean-François Bizot et Rémy Kolpakopoul. J’écrivais et « interprétais » des parodies de soap pour mes émissions, j’écrivais mes billets, mes interviews. J’ai découvert qu’écrire pouvait aussi être un moyen de ne pas être seul, de se faire des amis pour la vie, car la fiction c’est aussi une aventure collective, et cela permet sans se prendre au sérieux d’être entendue et/ou d’être le porte-parole de ceux qu’on n’entend pas.

Est-ce que votre expérience en tant que journaliste pour la presse écrite et la radio impacte votre processus d’écriture ?
Évidemment, mais cela fait partie du process normal pour un auteur qui n’aurait pas été journaliste, on cherche à être le plus juste possible, au plus près de la réalité d’un personnage ou d’une arène. Mais quand il s’agit d’un sujet « social » là où j’ai peut-être un plus le côté journaliste, je passe vraiment énormément de temps en recherches, pour m’imbiber. Je fais des interviews, j’essaye de rencontrer tous ceux qui peuvent m’apprendre et me faire ressentir ce qu’est leur histoire, plus je les connais mieux je ferai mon boulot de « passeur ».

Vous êtes scénariste de la nouvelle série France 2 Germinal, qui a notamment reçu le prix du public au festival Séries Mania 2021. Comment êtes-vous arrivée sur ce projet ?
Grâce à la productrice Carole della Valle. Nous nous connaissions depuis Pep’s, puis Skam. C’est elle qui a eu l’idée de proposer mon nom à Julien Lilti le créateur et directeur de collection de la série.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la série ? Comment s’est déroulé la phase d’écriture ?
J’ai intégré la veille pour le lendemain l’atelier donc c’était dans l’imprévu et un peu vertigineux. Mais j’étais hyper heureuse, l’équipe très atypique était top, le projet tellement ambitieux et galvanisant. Nous avons travaillé en groupe, débattu et enrichi chacun des 6 synos pré-écrits par Julien. On a notamment beaucoup réfléchi aux personnages féminins. Puis on s’est dispatchés les épisodes par binômes, en ce qui me concerne j’ai coécrit avec Cheikna Sankaré, et on a enchaîné tous les deux séquenciers et dialogués.

Quels sont vos projets en cours ou à venir ? Quels sont vos désirs pour l’avenir ?
Actuellement je termine l’écriture d’un unitaire de 90 mn pour TF1 produit par Mesdames Production et En Voiture Simone. Je collabore à nouveau avec Julien Lilti pour Itinéraire Productions. Je suis en train de comprendre, c’est tout frais, que je souhaite de plus en plus écrire des histoires qui s’inspirent ou qui traitent de faits réels, « sociétaux » comme on dit, des sujets qui ont du sens et quelque chose de « politique »; pour remplir cette fameuse mission de porte-voix qui semble être celle où je me reconnais le plus. Et si en plus, je peux y mettre de l’humour et du second degré, alors là c’est la fête.

Merci beaucoup Mélusine Laura Raynaud !

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