Vous êtes auteur et réalisateur pour le cinéma et la télévision depuis une dizaine d’années environ, quel a été votre parcours auparavant ? Qu’est-ce qui vous a emmené dans ce domaine ?

Je suis fils de vigneron et rien ne me prédisposait à travailler dans le spectacle, ni un goût personnel, ni une culture familiale dans ce domaine. Pourtant, parce que je n’avais aucune idée de ce que je pouvais faire de ma vie, j’ai étudié le théâtre et le cinéma pendant 6 ans, puis j’ai commencé à travailler sur des tournages. Mais, n’ayant pas la fibre de technicien, je me suis orienté vers l’écriture, non sans peine au début.

En 2014, est sorti votre premier long métrage (La Belle Vie) dont vous avez co-écrit le scénario. Est-ce important pour vous de gérer le projet du début à la fin ?

Cela dépend des projets. Un long métrage de cinéma est devenu, depuis la Nouvelle Vague, une œuvre très personnalisée. Alors oui, il faut tenir le film de bout en bout pour n’avoir aucun regret, car, tout ce qui peut plaire ou déplaire vous sera attribué, avec bonheur ou malheur. Mais il faut surtout faire confiance à ses collaborateurs, sans toutefois se planquer derrière eux.
Lorsque l’on écrit pour la TV sans réaliser le projet, il faut accepter d’en être dépossédé par un ou plusieurs réalisateurs. Souvent pour le bien du projet.

Vous avez travaillé pour le cinéma et la TV, quelles sont les différences fondamentales de ces deux univers ? Appréhendez-vous de la même manière les différents projets ?

Il y A différentes manières de faire un film de cinéma, ce qui change fondamentalement sa conception et sa fabrication (d’un film fait avec 10.000€ à un film fait à 10 millions). Alors qu’à mon sens il n’y a qu’une manière de faire un unitaire TV ou une série : il faut qu’une chaîne passe commande à partir d’un traitement ou d’une bible. Ce qui change énormément la manière de travailler et même de vivre de son métier.
Par exemple, je ne suis pas sûr de moi, mais il doit être rare d’écrire un scénario d’unitaire TV (une continuité dialoguée) sans avoir eu la validation d’une chaîne et donc l’assurance de sa fabrication et de sa diffusion. Moi, quand j’écris un film pour le cinéma, je ne suis absolument pas sûr de sa fabrication, encore moins de sa diffusion. Ce qui rend le travail plus précaire, inquiétant, et, d’une certaine manière, nécéssaire à ma survie.
Enfin, la carrière d’une œuvre pour la télévision est infiniment plus courte que celle d’un film de cinéma qui a une actualité branchée sur la chronologie des médias ; festivals, sortie en salle, diffusion en VOD et DVD, diffusion TV… Mais il n’est pas rare de faire un long métrage sans financement télévisuel, donc sans droits d’auteurs télé. Clairement, pour moi, il est plus rentable de travailler pour la télévision, mais plus valorisé de travailler dans le cinéma. Aussi parce que je ne suis pas Xavier Dolan!

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre prochain long-métrage « Un homme à la mer » ?

Le film est adapté du roman de Tanguy Viel, « Article 353 du code pénal. » Il est actuellement au tout début du casting et de financement. C’est un film qui parle de culpabilité et de justice, de risque et de repli sur soi, de puissance et d’impuissance.

Y’a-t-il d’autres projets sur lesquels vous travaillez actuellement ? Quels sont vos désirs pour l’avenir ?

À chaque nouveau projet, je dois repartir de zéro, et c’est souvent une trop grande perte de temps et d’énergie. Alors, à l’avenir, j’aimerais travailler avec des auteurs qui souhaitent me confier leurs idées ou leurs scénarios — quels que soient leur état d’avancement — pour que nous envisagions ensemble leur aboutissement. Trop de scripts à potentiel dorment dans des tiroirs et il faut, bien souvent, un regard étranger et bienveillant pour que le désir reprenne. La solitude, nous le savons bien, nous auteurs, est un cancer pour notre métier.

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